7/10Sonar

/ Critique - écrit par Maixent, le 11/04/2016
Notre verdict : 7/10 - Le chant des sirènes (Fiche technique)

Tags : sonar code khz frequence sonars sonde peche

Les abysses révèlent encore des mystères.

Le mythe de la sirène perdure. Ulysse avait eu besoin de s’accrocher au mât pour ne pas céder. Le héros de Lampedusa, lui, ne résiste pas au charme de la troublante Lighea. Une chose est certaine, la sirène rend fou, trouble l’esprit des marins et leur fait commettre des actions dont ils ne sont plus responsables. Et si la petite sirène de Disney nous montre une vision romantique du mythe, il ne faut pas oublier que la sirène est à la base un être cruel.



 

On retiendra ici l’aspect monstrueux. Les créatures des mers sont plus présentées comme des Naga issues des profondeurs de Brassenoire, défendant leur territoire sans pitié. Capables d’influer sur l’esprit des chercheurs qui ont osé malgré eux profaner leur habitat, elles développent leur agressivité. Les poussant à s’entretuer dans une frénésie infernale rappelant les scènes d’horreur  d’Event Horizon : le vaisseau de l’au-delà, quand l’équipage, revenant des enfers, se déchire.

Le récit est très bien construit, malgré un schéma déjà vu et somme toute assez classique, plus proche du scénario cinématographique que de celui de la bande dessinée.  On s’attend presque à voir le déroulé du générique après les trois premières pages, mettant en scène un équipage de pécheurs rendus fous par une créature que l’on devine aquatique, disparaissant dans un remous au profond de l’océan. Scène deux, une ravissante surfeuse en Australie, très vite appelée par son ex pour participer à des recherches en Méditerranée, et retrouver le Sun Horse, un somptueux yacht de luxe renfermant une inestimable collection d’objets d’art. Mais très habilement, les auteurs glissent ça et là des indices aux lecteurs qui montrent à quel point quelque chose d’étrange se passe autour de cette épave. Dès lors le lecteur est embarqué à bord du navire de recherche et n'a plus qu'à suivre lé déroulé de l'intrigue. 

 



 Aussi bien graphiquement qu’au niveau des actions des personnages, le suspense est très bien respecté avec une montée crescendo et subtile dans l’horreur.  Même si la plupart des scènes sont attendues, on se laisse prendre par le récit et l’angoisse des profondeurs. Ce silence mystérieux et enveloppant qui contraste violement avec l’horreur de la surface.

Sylvain Runberg et Chee Yang Ong ont su magnifier le mythe de la sirène. Sans prétention, ils rendent hommage au mythe, le transposant dans le monde contemporain, tout en lui donnant une cohérence et une légitimité. En ressort un album de très bonne facture qui apporte au lecteur exactement ce qu’il demande.