4/10Sheytan

/ Critique - écrit par iscarioth, le 03/07/2007
Notre verdict : 4/10 - Nardine débile (Fiche technique)

Tags : sheytan iblis allah anges islam satan coran

Sheitan, c'est le premier long métrage de Kim Chapiron, l'un des réalisateurs de Kourtrajmé. C'est aussi le nom d'un album de BD publié chez KSTR, en pleine crise.


Juin 2007, le scandale Vilebrequin éclate, éclaboussant le tout jeune label KSTR, piloté par Didier Borg. Obion, en conflit avec l'éditeur, rappelle sur son blog que l'affaire ne doit pas porter préjudice à l'autre sortie du moment chez le même éditeur : Sheytan, le nom du groupe de rock dont l'histoire nous est contée, Sheytan, « diable » en « reubeu » comme on nous l'indique dans cet album.

Et oui, dans cet album on parle le djeun's : du vocabulaire tiré du verlan, de l'arabe, des invectives et autres expressions atypiques à tout va. C'est la principale caractéristique de cet album : Sheytan est aussi déjanté que puéril. C'est un délire d'adolescents qui s'assume et qui peut agacer très fortement quiconque passé 16 ans. Sheytan, c'est un peu le bréviaire de l'ado boutonneux avide de sensations et de gros sons, écoutant pousser ses cheveux en tentant vainement de transformer ses trois poils sous le menton en un énorme bouc de métalleux sorti des enfers. Oui, n'ayons pas honte, à 15 ans, à l'âge où l'on troquerait bien volontiers sa voix fluette de Grégory Lemarchal contre l'organe surpuissant de Max Cavallera, nous aussi, on aurait peut-être adoré. Une BD qui fait des flyersheytanp2_250_01
"Une BD rock qui déchire"
Ca c'est du slogan djeun's
tas de références à notre culture (groupes de rock, séries télé) et qui crache sur Johnny Hallyday et autres chanteurs de variétoche... Le rêve pour un ado en pleine révolte. Mais du temps de notre adolescence, Sheytan n'était pas dans les bacs, on devait se contenter des rockeurs à la banane ; Lucien, Ricky, Gillou et toute la bande... Et l'on ne va pas s'en plaindre.

M'en voudrez-vous si je remarque dans Sheytan une filiation au film (pourtant culte) Wayne's world 2 ? Ici, ce n'est pas Jim Morrison qui apparaît à Wayne pour lui commander un festival de rock mais Frank Zappa qui demande à trois zouaves des quartiers de former un groupe. Sheytan, très loin du burlesque de Wayne's world, pratique l'humour bourrin, employant les réflexions machos (tarlouse, pédé) comme des modèles de style, accumulant les stéréotypes faciles (le métrosexuel, les femmes). Sheytan nous propose quelques scènes bien médiocres, comme Jeff baisant à la sauvage dans les toilettes ou cette réflexion lancée en plein concert : « Hé vous sentez cette odeur ?!! Les meufs sont déchaînées !! Ca sent la pisse tellement elles mouillent ! ». Un message plein d'intelligence et de poésie qu'on vous dit...


C'est un phénomène naturel, physique. Passé 16-17 ans, l'engouement pour l'humour pipi-caca s'estompe normalement chez l'homme... Oui, normalement. Espérons pour l'auteur que les irréductibles soient assez nombreux pour acheter en quantité suffisante son album.