6.5/10Les Seigneurs de Cornwall - Tome 1 - Le Sang du Loonois

/ Critique - écrit par athanagor, le 18/08/2009
Notre verdict : 6.5/10 - Child of the corn (Fiche technique)

Ce premier tome semble relater une époque que l'on ne retrouvera pas dans la suite. Ainsi, contraint par son sujet, la narration est dynamique et cette énième histoire arthurienne passe plutôt bien.

Alors c'est un peu compliqué, donc suivez bien. Duncan, roi d'Hibernia (Irlande) profite qu'Arthur est en train de se taper avec des pictes et des scots pour tenter d'envahir les Cornouailles du roi Mark toutes proches. En temps normal, celui-ci, qui loge à Tintagel, devrait pouvoir compter sur Arthur, mais là... bon... Son seul dernier et véritable atout reste Rivalen de Loonois, maître des arts druidiques et équivalent de Merlin. Malgré le rapport de force à 4 contre 1 en faveur des hiberno
is, les corniques résistent avec vaillances aux assauts menés par Nemech et Eochaid, lieutenants de Duncan. Leur force, ils la trouvent dans le courage que leur inspire le Rivalen. Ce dernier est un p'tit gars bien sympa, dont la femme, Blodwen, et les deux fils, sont hébergés à Tintagel. Ces deux enfants Gethelin et Tristan (qui sera le centre des prochains tomes) possèdent également des dispositions magiques, et même des plutôt pas mal. Faisons ici une légère pause et prenons note qu'il s'agit là du côté humain de l'affaire.

De l'autre côté, il y a Gloredell. Elle, c'est une fée, vachement arriviste. Elle a les dents tellement longues qu'elle décide de rompre avec la tradition de son espèce en s'engageant au côté d'une faction humaine. Comme la neutralité est de mise chez les fées (qui choisissent ce parti car les humains leurs sont insignifiants), elle va devoir se débarrasser de ses consœurs qui l'empêcheraient de mener à bien ses plans. Elle met donc fin à leur existence par un moyen que nous, humains, on peut pas trop piger, mais que les fées semblent maîtriser. Et elle ne fait pas ça n'importe où. Elle profite d'une baignade lascive de ses sœurs à la cascade de Lugth pour mettre fin à leur existence. Ce faisant, elle amplifie, par les ondes surnaturelles de la cascade, la perturbation du voile magique que suscite cette disparition, s'assurant ainsi que tous les êtres réceptifs, au nombre duquel les druides, ressentiront cette disparition. Toute puissante et les mains libres, Gloredell va pouvoir s'associer à Duncan pour... mettre le bronx à Tintagel.

En fait, la trame n'est pas si complexe que ça, mais elle se décline sur plusieurs personnages dont on suit les péripéties au fil des jours. Aucun épisode n'en chevauchant un autre, mais s'ordonnant chacun séquentiellement en respectant l'unité de temps, l'histoire est exposée très clairement et plutôt plaisamment. Cordurié, qui
travaille beaucoup cette année, arrive donc, par ce simple fait, à délivrer une histoire que l'on suit avec simplicité et donc du début à la fin. La tentation serait grande, en effet, de ne voir en cette BD qu'une énième aventure de la table ronde, encore une autre parmi les what mille parutions de ces dernières années, que l'on ferme aux alentours de la page 15 et qui nous feraient presque maudire le succès de
Kaamelott.

Ici, bien qu'il s'agisse en effet d'une autre histoire dans le giron des références arthuriennes, l'auteur ne se contente pas de mettre une fée à gauche et un roi méchant à droite, avec ça et là un druide qui se cure le nez. Il rajoute quelques éléments sympathiques de magie, fort divertissants, portés par les deux enfants de Rivalen. Cette histoire présente également l'intérêt d'être une tragédie assez poignante et, relatant des évènements révolus, sources de la suite des parutions, elle porte un rythme soutenu, nécessaire à l'exposition en 48 pages, de toute la période.

Pour les côtés moins glorieux, on regrettera un peu le trait de Lapo, déjà connu pour Antoine Sèvre et Codex Sinaïticus. Parfois hésitant et un peu gauche dans les gros plan, il ne dégage pas une force expressive réelle mais laisse néanmoins toute sa place aux couleurs d'Olivier Héban (qui lui aussi bosse pas mal ces derniers temps). Par ailleurs, l'intervention finale de monstres habillés et armés comme les orques du Seigneur des Anneaux, à la cruauté et la bêtise équivalente, fait se lever un sourcil dubitatif quant à la réelle motivation des auteurs sur la fin de cet ouvrage d'exposition.

Ceci dit, et considérant donc cet album comme une ouverture, on n'est ni déçu, ni emballés et plutôt disposé à découvrir la suite.