Le Sang des Porphyre - Tome 4 - Hermine
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 15/05/2010 (Fin du premier cycle pour la saga familiale bretonne de Balac (alias Yann) et Parnotte. Cupidité et trahisons, secrets de famille et superstitions, la sauce a du goût et prend plutôt bien.
L'hermine étant l'animal totem de la Bretagne depuis 1316, on ne s'étonne pas qu'elle donne son titre à un tome du Sang des Porphyre, série bretonne par excellence. Née de la plume de Balac (un alias de Yann, qui est en passe de devenir un des scénaristes les plus prolifiques du moment aux côtés de Jean
David Morvan et Eric Corbeyran) et mise en image par Joël Parnotte (Les Aquanautes), cette saga familiale pleine de mystère et de tension clôt aujourd'hui son premier cycle. L'Hermine de la couverture n'est pas une bestiole à poil blanc, mais l'un des quatre principaux protagonistes de l'intrigue, avec Soizik, Gwémon et Konan qui donnaient leurs noms aux précédents volumes.
Après diverses pérégrinations, les héritiers du roublard Hyacinthe Porphyre sont enfin sur le point de mettre la main sur le magot caché du pépé. Mais il reste quelques querelles internes à régler... De leur côté, Hermine et Korentin ont échappé à la mort, mais eux non plus ne semblent pas pour autant au bout de leurs peines...
Bien que le décor et l'époque apportent une couleur dépaysante à l'histoire, le procédé du trésor interdit comme catalyseur des relations humaines est un classique éprouvé du roman noir (décliné en film avec succès sous de multiples formes : Le trésor de la Sierra Madre, Petits meurtres entre amis, Un plan simple...). Dans Le sang des Porphyre, l'intrigue est pimentée de secrets familiaux enfouis, qui gangrènent les personnages et rappellent la collection orchestrée par
Frank Giroud pour Dupuis (et justement appelée Secrets). On ne s'étonne pas que le scénario de Yann-Balac soit inspiré directement de l'histoire légendaire (donc peut-être vraie) des Rothéneuf, une dynastie de corsaires du XVI° siècle.
De la même façon qu'il donnait à son récent Spirou (Le groom vert-de-gris) un "parler belge" du plus haut pittoresque, Yann fignole ici (plus encore que dans les trois tomes précédents), un "parler breton à l'ancienne" qui ravira les amateurs d'exclamations surannées du style « Absurditas ! Ce marlou dégoise des calembredaines pour tenter de sauver sa peau ! ». Ce vocabulaire, associé aux images de plage hantée fignolées par le dessinateur, plante efficacement l'ambiance d'un récit par ailleurs plutôt bien ficelé. Si ce quatrième tome signe la fin de l'histoire du trésor, on est cependant invité à se procurer les épisodes à venir, la narration se terminant par une scène témoignant d'un art consommé du feuilleton (sans pour autant constituer un cliffhanger à proprement parler).