7/10Le Sang des Porphyre - Tome 1 - Soizik

/ Critique - écrit par iscarioth, le 04/10/2006
Notre verdict : 7/10 - Balac be back (Fiche technique)

Ce premier album se déroule implacablement, sa lecture est très agréable. Le sang des Porphyre devrait pouvoir séduire les amateurs de mystères sans pour autant arriver à conquérir ceux plus friands d'innovations techniques, scénaristiques ou psychologiques.

En consultant la bibliographie de Balac, on est frappé de sa faible consistance. A en croire sa notice, il se serait révélé en 1986 pour avoir scénarisé le premier tome (et seulement le premier) de la prestigieuse série encore inachevée d'Yslaire ; Sambre avant de sombrer dans l'inactivité. Balac est en fait l'un des pseudonymes utilisés par Yann, le scénariste des Innommables, Spoon & White et bien d'autres choses encore. Sa nouvelle série se nomme Le sang des Porphyre et est dessinée par Joël Parnotte, révélé par les Aquanautes, publié chez Soleil.


Un dessinateur confirmé, un scénariste expérimenté, on est en droit d'attendre un album alléchant. La série semble vouloir se centrer sur un personnage principal : Soizik, une jeune femme plutôt rebelle et aventureuse, qui découvre un jour sur la plage un corps échoué auquel elle arrache un bijou précieux. La jeune femme sera bientôt rattrapée par le recteur mais surtout par les deux frères d'une famille mystique et maudite : les Porphyre. On distingue pour le moment deux lignes directrices : la conduite amoureuse et la vague mystique. L'intrigue est bien menée. Le sang des Porphyre nous parle de malédiction, de pirateries et semble égrainer son intrigue de manière intelligente. On retrouve la tonalité romantique, chère à Balac sur le premier tome de Sambre. Même dans les ténèbres de la nuit, les couleurs de l'album sont très douces, s'approchant notamment des tonalités merveilleuses développées par les studios Disney sur leurs derniers films animés. En parallèle à ce graphisme pour l'instant aussi agréable à l'oeil que bon enfant, la psychologie des personnages ne semble ni trop agressive, ni trop surprenante. On devine dès les premières secondes les ramifications amoureuses qui se déploient entre les différents personnages. Tous se divisent en deux camps bien manichéens. Les gens doux et raffinés d'un coté, les paillards et les agressifs de l'autre.


Ainsi, ce premier album (et très certainement la série qui en découlera) est à double tranchant. D'un côté, on peut apprécier une technique, une structure et une réalisation graphique très agréable à l'oeil, de l'autre, on peut être agacé par une tonalité très naïve et pudique. On ne sait pas trop si l'on se situe dans l'aventure ou dans le conte, si le public touché est adulte ou enfant. Certaines scènes sont difficiles (la main déchiquetée page 21), d'autres sont niaises ou adoucies. Toujours dans cet esprit, l'album, s'il est très agréable à lire, se construit de manière fort classique. Pas d'extravagance dans le découpage ou dans la mise en page. Chaque double page se conclue par un rebondissement, qui provoque l'empressement du lecteur, presque forcé de tourner la page. Une mécanique bien huilée, qui remonte aux temps immémoriaux de la bande dessinée, et qui pourtant fonctionne toujours beaucoup.


Ce premier album se déroule implacablement, sa lecture est très agréable. Le sang des Porphyre devrait pouvoir séduire les amateurs de mystères sans pour autant arriver à conquérir ceux plus friands d'innovations techniques, scénaristiques ou psychologiques.