8/10Le Sang noir

/ Critique - écrit , le 19/07/2007
Notre verdict : 8/10 - à l'abordage ! (Fiche technique)

A l’image de l’Epervier, le Sang noir rejoint les fresques chevaleresques mais ne baignant pas dans le mélodramatique. Une saga à grand spectacle utilisant des sauces efficaces. Une intrigue à (re)découvrir sans modération.

Cela était gravé sur les Tables de la Lois édictées par le Lombard : L'été 2007 sera consacré à Desberg. Scénariste aussi prolifique que Van Hamme, en tête de gondole des meilleures ventes BD avec IR$, dessiné par Vrancken. Pour rendre hommage à leur complicité ne datant pas de la dernière pluie, la maison d'édition a décidé de redistribuer en version intégrale Le Sang Noir. Une aventure romanesque avec la piraterie en toile de fond.   

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Marc-Antoine, victime et futur larbin
Héros aux silhouettes olympiennes armés d'un brin d'impertinence, jeunes prude farouches en quête de docilité, secrets ancestraux prêt à être révélé... Tous les ingrédients sont réunis pour que le polyptique Sang Noir soit une saga grand public, avec son lot d'action, de révélations familiales et d'amours. Tristan, un jeune métisse dont la mère noir avait trouvé sa liberté en aimant un homme blanc, fréquente Marc-Antoine, garçon du même âge et issu d'une grande lignée bourgeoise. Un jour alors que Tristan apprends à l'innocent blondinet à fumer de la bonne herbe, un groupe de pirate  échappant à une traque fatale prend en otage Marc Antoine. Mais Tristan parvient à le sauver et gagner la considération de ces brigands des mers qui lui offre en retour une boucle d'oreille en guise de présent d'estime. Tristan reçoit également la gratitude du père de Marc Antoine qui l'accueillera désormais dans sa demeure quand bon lui semble. Les années passent, Tristan découvre les affres de la bourgeoisie, la vie d'un homme libre au dépend de son image de « sang noir ». Le sang marquant ses origines africaines et la condition réservée aux esclaves. Malédiction que ses mères tentent de lever en épousant des blancs. Condamné à être jugé par la couleur de sa peau, mais revanchard sur la vie, Tristan prouvera aux yeux des autres sa vraie valeur tout au long de ses épreuves.

Le scénario de Desberg se range dans un certain classicisme. Amours et actions viennent s'entremêler dans la thématique de la piraterie. Le scénariste parvient à construire en profondeur son univers pour en ressortir une narration envoutante. Le héros  reste dans la grande lignée des hommes parfaits. Armé d'une ‘différence' par rapport à ses congénères qu'il doit assumer, Tristan arbore les mêmes traits de caractères que les héros ordinaires. Une dose de franc parler, une aisance quelque soit le milieu qu'il fréquente, le respect par ses actes... On  connaît les ingrédients mais succombons quand même au goût si familier. Il n'y'a pas pour autant de manichéisme dans ce polyptique. Chaque personnage à sa part d'ombre et de lumière, même si l'une d'elles sera plus évidente que l'autre.
Vrancken s'amuse à mettre en scène cet univers d'un autre temps. Le trait réaliste n'apporte pas une particularité supplémentaire au récit. Le dessin se contente de mettre en scène avec précision les lignes dictées par Desberg. Le style n'est pas pour autant pénible à voir et dispose d'une certaine précision. Le travaille ressemble à celui de Pellerin en allant peut-être plus aux faits. En aucun cas un sangnoir2_250
les hommes meurent, mais les idées restent
élément handicapant vient nous répugner, la seule chose regrettable qui manque sera peut-être une étude plus approfondi des couleurs pour créer une véritable ambiance. En attendant, le tout demeure largement généreux pour nous permettre de passer un moment agréable.

A l'image de l'Epervier, le Sang noir rejoint les fresques chevaleresques mais ne baignant pas dans le mélodramatique. Une saga à grand spectacle utilisant des sauces efficaces. Une intrigue à (re)découvrir sans modération.