7/10Sammy - Tome 40 - Boy

/ Critique - écrit par riffhifi, le 27/04/2009
Notre verdict : 7/10 - Boy-sans-soif (Fiche technique)

Tags : tome sammy cauvin gorilles pages livres jean

Dernier album pour Jack et Sammy, qui rangent la sulfateuse pour permettre à leurs auteurs de mener d'autres projets. Dommage que Cauvin n'ait pas plutôt choisi d'arrêter une de ses poussives séries d'humour, car Sammy tenait encore la route.

Près de quarante ans après sa création, Sammy Day vit ici sa dernière (et, justement, quarantième) aventure. Créé par Raoul Cauvin et Berck en 1970 (le premier album paraît en 1973), le petit Sammy n'éternue pas : il est le bras droit du gorille et homme de main Jack Attaway. Essayez donc d'être le bras droit d'un homme de main, vous verrez si c'est drôle. D'autant que nous sommes dans le Chicago des années 30, celui de la Prohibition, et que la guerre fait rage entre le gangster Al Capone et l'incorruptible Eliot Ness (on note au passage avec Jack boit
Jack boit
étonnement qu'au bout de toutes ces années, ni le dossier de presse ni Cauvin lui-même ne sont capables d'écrire Eliot comme il se doit, c'est-à-dire avec un seul "l" et un seul "t"). S'agissant d'une série de Spirou, il est moins question d'aligner les cadavres que d'égrener de gentilles histoires pleines de cocasserie, sur fond de contexte policier, de mitraillettes et de chapeaux mous. Moins connue que Les Tuniques Bleues, Sammy est pourtant la seule autre grande série de Cauvin à présenter des récits complets, une saine alternative aux myriades de séries « à gags » que le Monsieur dispense à tout va dans les pages de Spirou. On peut donc légitimement regretter son arrêt aujourd'hui, dû à l'activité par ailleurs débordante de Jean-Pol, qui s'occupait du dessin depuis 1994. Plutôt que de chercher un troisième partenaire, Cauvin préfère arrêter les aventures de Sammy... Ce qui lui a permis de lancer par ailleurs une nouvelle série de récits complets, intitulée Coup de foudre. Pas sûr qu'on gagne au change...

Quid de ce dernier volume ? Jack et Sammy vont-ils participer à l'arrestation d'Al Capone, vont-ils prendre leur retraite en Europe ? Sammy va-t-il se marier, Jack va-t-il mourir ? Rien de tout cela. C'est sur un album "normal" que les auteurs ont décidé de tirer leur révérence, probablement parce qu'ils ignoraient en le commençant qu'ils raccrocheraient les gants en le terminant : plus de deux ans se Eliot aboie
Eliot aboie
sont écoulés entre la première et la dernière planche réalisée ! De quoi parle donc ce Boy ? D'un petit orphelin en quête de son papa, qui décide d'embaucher les deux gorilles pour une pincée de dollars. Contre l'avis de son patron, Sammy accepte de rechercher le géniteur, quitte à aller se frotter à Al Capone et Eliot Ness.

Dire que Boy est le meilleur album disponible actuellement en librairie, ou qu'il s'agit du pic de la saga Sammy serait évidemment exagéré, mais il faut reconnaître à ce dernier tome la même qualité que ses prédécesseurs : un goût de BD rétro qui ne se teinte jamais de ringardise. La mécanique de l'histoire et de l'humour, prévisible mais parfaitement huilé, fait penser au Goscinny de la grande époque ; et les lecteurs réguliers verront avec plaisir au retour d'un personnage issu d'un tome précédent. C'est donc avec une certaine amertume qu'on referme l'album, en regrettant que Cauvin soit forcé d'arrêter cette série plutôt qu'une de ses multiples séries d'humour à rallonge...

« Go ahead, Sammy, make my day »