6.5/10Un Rire dans la nuit

/ Critique - écrit par iscarioth, le 17/11/2006
Notre verdict : 6.5/10 - Ring Ring (Fiche technique)

Un rire dans la nuit fait partie de ces nombreux albums qui impressionnent par leur univers graphique mais laissent le lecteur sur le carreau pour ce qui est de la linéarité et de la facilité d'accès de leur scénario.

Richard Sala s'est fait un nom, aux Etats-Unis, en travaillant pour des maisons d'édition comme Dark Horse ou Fantagraphics. Il s'est bien ancré dans un genre tout à fait personnel, mêlant les influences du roman noir avec celles du récit fantaisiste, voire du conte. En publiant Un rire dans la nuit, Vertige Graphic nous donne à lire un échantillon représentatif de son oeuvre.

Broom, un jeune homme bien ordinaire, se retrouve embarqué dans une mécanique policière faite de crimes mystérieux, de tueurs en série masqués et de sociétés secrètes mafieuses. Dans le fond, Un rire dans la nuit est un polar bien ordinaire, avec une succession de saynètes qui font avancer l'intrigue. Mais la forme utilisée par l'auteur étonne jusqu'à écarter de l'esprit toute impression de classicisme. Les personnages secondaires semblent tous sortir de la mythologie du cinéma américain. Coté horrifique, il y a un grand colosse rafistolé à la Frankenstein, un gorille mafieux et d'autres personnages à la mine aussi patibulaire qu'épuisée. On retrouve aussi l'imagerie du vieux film d'aventure, avec deux jeunes femmes, l'une habillée en fantômette, l'autre en aventurière congolaise du temps du colonialisme belge.

De nombreux passages distillent des hommages discrets aux grands pans du cinéma américain : Hitchcock (Les oiseaux, page 111), Evil Dead et les films de mort vivant (page 110) et, de manière générale, le courant gothique. Sala réalise ses planches dans un noir et blanc qui rappelle tout autant l'expressionnisme que le gothique. Les visages sont stylisés, et le travail sur la lumière est détaillé par un modelé au trait précis, constitué par de petites touches linéaires. Cela dit, l'album, malgré toutes ses qualités, a tendance à fatiguer le lecteur par une trop grande lourdeur. L'histoire est difficile à pénétrer et à parcourir, Les scènes se suivent et s'enchaînent, sans toujours avoir de grosse cohérence apparente entre elles.


En définitive, Un rire dans la nuit fait partie de ces nombreux albums (nombreux surtout chez les petites maisons d'édition) qui impressionnent par leur univers graphique mais laissent le lecteur sur le carreau pour ce qui est de la linéarité et de la facilité d'accès de leur scénario.