7.5/10Rembrandt

/ Critique - écrit par Luz, le 18/11/2008
Notre verdict : 7.5/10 - Brands of rem. (Fiche technique)

Tags : rembrandt van code rijn art tableaux amsterdam

"Rembrandt, triste hôpital tout rempli de murmures et d'un grand crucifix décoré seulement, où la prière en pleurs s'exhale des ordures, et d'un rayon d'hiver traversé brusquement" (Baudelaire)

Voilà que Denis Depre
z se jette une fois de plus dans la gueule du loup en s’attaquant à un monument de la peinture : Rembrandt, après s’en être pris à Frankenstein, Othello, et
Moby Dick.

Le dessinateur peint en une soixantaine de pages des petits morceaux de vie de Rembrandt, choisis en fonction de ce qu‘il désire nous apprendre sur l‘artiste, de ce qu‘il pense être important et intéressant à savoir.
Ainsi nous voilà face à un jeune peintre arrivant à Amsterdam au XVIIe siècle, à la célébrité et la vie personnelle grandissantes, mais qui fera faillite sur ces deux points. Même s'il sera pauvre le reste de sa vie et devra parfois fuir les huissiers, il continuera à peindre avec talent et détermination.

Un album aux couleurs tour à tour pâles (pastelles) et violentes (à la dominante noire et rouge), rappelant souvent les clairs obscurs de Rembrandt. Des figures abimées, laides, des traits s'éloignant clairement de l'univers de la bd, comme si chaque planche était un tableau, chaque vignette une illustration. C'est avec simplicité qu'il va nous faire avancer dans le monde sombre du peintre.
Les traits disparaissent pour faire apparaître des impressions, des émotions, contrairement à un trait sophistiqué qui nous laisserait trop aller dans des détails inutiles.
Parfois peu de détails, aller directement à l'essentiel, au ressenti, à la vérité. Et tant pis si c'est moche, car il nous l'explique bien, le peintre était le premier à ne se soucier que de l'aspect de vérité, à la représentation exacte de ce qu'il était, de ce qu'il voyait, et non à l'esthétique, à la beauté, ou à ce qu‘il doit être.


Les dessins sont grossiers, laissant entrevoir des paysages enneigés, pluvieux, disparaissant du visible, créant un rapprochement avec l'univers décrit par Jean Giono dans Un roi sans divertissement. C'est sur cette impression de tempête de neige croquant les silhouettes humaines, les bâtisses, et les paysages que l'auteur termine le portrait du peintre. Une fin juste, tout à fait réussie, ne nous laissant ni déception, ni impression de « pas fini ».

Pour profiter pleinement des illustrations de Dennis Duprez, une non-lecture est recommandée : tournez les pages à nouveau, ouvrez grand vos petits yeux, et regardez, ne lisez pas...