5/10Regards croisés

/ Critique - écrit par iscarioth, le 11/06/2007
Notre verdict : 5/10 - L'habit ne fait pas le moine (Fiche technique)

Tags : regards croises france paris dossier histoire loisirs

Regards croisés possède le double handicap d'un synopsis rabâché et d'une mise en image brouillonne.

La couleur, en BD, ça a longtemps été du remplissage, du coloriage. On assiste aujourd'hui à une réinvention de la colorisation des planches. Il ne s'agit plus de peinturlurer un soleil en jaune ni de gribouiller un ciel en bleu, mais bien de créer des trames atmosphériques, de donner à la narration une nouvelle force de communication.

Si bien qu'aujourd'hui, une très large part des BD dites « d'auteur », quant elles ne sont pas en noir et blanc, utilisent la couleur avec beaucoup de fantaisie et de décalage. C'est le cas de cet album de chez KSTR, Regards croisés, qui s'inscrit dans les canons actuels de la bande dessinée type « nouvelle vague ». Silhouettes et visages sont griffonnés, travaillés au trait, même si les planches donnent l'impression d'une bonne lisibilité. Regards croisés nous raconte une tranche de vie des habitants d'un immeuble. Un couple dont la stabilité est défaillante et un voisin un peu taré, genre psychokiller en puissance. Après quelques tergiversations narratives, plus nauséeuses que réellement déroutantes, ce qui pouvait prendre les airs d'une innocente romance vire au thriller.


Les auteurs nous tendent un piège mille fois posé, mais difficile, tout de même, à éviter. Ils nous piègent en déployant un mécanisme polar des plus huilés. Pourtant, la lecture est laborieuse. L'album fait l'effet d'avoir été construit de manière sophistiqué plus pour se donner une caution artistique somme toute assez factice que pour servir une narration et des ambiances. De cases en strips, les trames de couleur changent, mais c'est peu souvent assorti de choix narratifs pertinents, d'où l'impression de gratuité. Flou, confus, un peu comme un cauchemar, Regards croisés donne l'impression d'avoir un contenu maigrelet et mis en image de manière laborieuse. On se perd dans les figures de style graphiques, on s'éloigne des personnages, alors que ceux-ci devraient sembler au lecteur terriblement proches et chaleureux pour que l'engouement de lecture se développe.

 

Regards croisés possède le double handicap d'un synopsis rabâché et d'une mise en image brouillonne. Les graphismes, d'une tonalité expérimentale plutôt en vogue, ne sont pas assortis de choix de narration suffisamment pertinents pour imposer fluidité et charisme. Dommage.