6/10La Quête du Graal - Tome 2 - Le Tombeau de Balor

/ Critique - écrit par athanagor, le 08/08/2008
Notre verdict : 6/10 - On a retrouvé le 7e Tuatha (Fiche technique)

Un autre ouvrage répondant au but général de la série Soleil Celtic : à force d'en lire, on va bientôt pouvoir postuler à un poste de maître de conf' à l'Université Rennes-Bretagne.

Mort dans le précédent épisode des mains de l'ogre Frolle, Arthur est ramené à la vie par la magie de Vivianne, qui crée pour l'occasion le Tuatha (les gens, la compagnie) de l'ours. Elle avait d'ailleurs précédemment eu l'occasion de s'exercer sur le 7e Tuatha, malheureusement perdu au clai
r de lune. Cette petite troupe ainsi formée et soudée par des liens magiques doit continuer sa quête du Graal, qui empêchera l'humanité de sombrer dans l'abîme, rien que ça...

Pour ceux que ça intéresse : petit récapitulatif de la mythologie en rapport avec notre sujet (pour les autres, RDV au paragraphe suivant). Dans cette épisode, les aventuriers cherchent le bouclier de Balor, mais pourquoi ? Balor est le roi des Fomoires, espèce de géants cyclopéens dont l'œil pétrifie et qui sont ennemis avec tout le monde sans exception. Balor, comme c'est souvent le cas, se fait prophétiser sa mort par la main de son petit-fils. Donc et selon toute logique (qui dans toutes les histoires similaires se révèle être la pire des solutions), il décide de zigouiller la progéniture de sa fille. Sur les triplés concernés, un en réchappe. Il s'agit de Lugh, star incontestée de la mythologie celtique qui donna son premier Guenièvre tape dans l'œil
Guenièvre tape dans l'œil
nom à Lyon, Lugdunum. Recherchant Balor pour l'occire, Lugh le trouve et le combat pendant trois jours, et à la fin, l'émeraude ornant sa lance, Gae Bulga (et non son épée Globi), se brise partiellement sur le bouclier de Balor, avant que la lance ne lui perce l'œil. Et c'est cette partie de l'émeraude associée au chaudron de Dagda qui constitue le Graal. OK, c'est pas raccord avec d'autres BD, mais que voulez-vous... C'est même pas raccord avec les diverses versions officielles qui veulent que le talisman de Danann, dont on parle aussi ici, soit constitué de la lance de Lugh, de l'épée de Nuada (autrement dit Excalibur), du chaudron de Dagda (généralement associé seul au Graal) et la Pierre de Fal. Versions qui stipulent également que c'est d'une pierre lancée d'une fronde que Lugh, alors membre du Tuatha de Danaan (les gens de la déesse Dana ou Danu), lors de la bataille de Mag Tuired, tue Balor qui dans sa chute tue à son tour des centaines de Fomoires. Mais arrêtons-là les tergiversations de spécialistes, nous serons bientôt à cours de jus de hêtre.

Dans la poursuite de leur quête, les membres du Tuatha de l'ours, Arthur, son frèreKeu entre en légende
Keu entre en légende
Keu, le roi Ban, Guenièvre et Merlin se séparent pour d'une part sauver le royaume de Ban de l'attaque de Morgan, qui y a envoyé des guerriers de l'Anwyn (ou Annwn royaume d'Arawn) pour prendre la vie de Galaad, fils de Ban, et d'autre part, se mettre en recherche du tombeau de Balor dans la forêt de Landwick, accompagné de Gauvain, fils de Loth d'Orcanie, qui revient de cette même forêt maudite où il vient de perdre son père de vue. Dans cette forêt pourrie, des vers transforment les hommes en zombies fous, les empêchant de mourir en régénérant leurs membres. Après une grosse castagne, et alors qu'au royaume de Ban, Vivianne sauve in extremis Galaad, le pouvoir d'Excalibur vient à bout des ces vers de la forêt et fait apparaître la table ronde.

Ça vous semble compliqué ? Eh bien ça l'est !

C'est le seul reproche que l'on puisse véritablement faire à cette BD, mais il est de taille. L'action est affreusement saccadée et on passe d'une quête à l'autre et d'une Guenièvre par derrière
Guenièvre par derrière
séance de pique-nique à un frittage en règle sans comprendre qui fait quoi et où, et qui c'est celui qu'a traité sa mère de connasse et quand. Et franchement tout ceci est bien dommage. Pour une fois que quelqu'un cherche à passer outre l'évidence et la banalité du sujet arthurien, en proposant une genèse romancée et développée dans sa période pré-table ronde, en permettant de développer par leur utilisation narrative les particularismes culturels celtes et leur importance avant la « colonisation » chrétienne, on aurait souhaité une totale réussite. Reste néanmoins l'intérêt de la quête en elle-même et de son potentiel descriptif des légendes du coin, et justement de ce côté de l'Histoire, qui, même romancée et malgré les maladresses du scénario, reste captivante.

On se penchera donc de bonnes grâce sur cette ouvrage, dont le dessin, qui doit énormément à la couleur de Stambecco pour son ambiance générale, s'amuse à proposer des angles de vue inventifs qui suppléent au mouvement des actions, comme autant d'inserts et de travelling issus d'un film qui a la gouache.