7/10Prince Gédéon - Tome 2 - Touche pas à mon exploit

/ Critique - écrit par gyzmo, le 04/12/2008
Notre verdict : 7/10 - YAATAAA !!! (Fiche technique)

Tags : tome prince jeunesse gedeon didier millotte langlois

Force est de reconnaître que tous les composants qui ont fait la réussite du premier tome de Prince Gédéon n’ont pas été oubliés par le casting...

Lorsque des auteurs se lancent dans une saga vouée à durer, ils font souvent le nécessaire pour que leurs personnages, leur histoire et/ou leur background soient accrocheurs et filent l’envie aux lecteurs de poursuivre l’aventure dans les tomes à venir. Des manœuvres de la sorte, il en existe des légions. Et pas que des souveraines. Car même avec la plus noble des volontés (de faire au mieux), la suite des évènements n’est que très rarement à la hauteur… A ce stade de la critique, sentez-vous gronder la tempête ? Vous voyez où je veux en venir ? Oui ? Et bien arrêtez de regarder les météos anecdotiques de Canal+ et prenez rendez-vous chez un bon ophtalmo. Malgré les fausses évidences, mes chers Watson, je n’ai donc pas tout à fait l’intention de vous faire croire que Touche pas à mon exploit ! loupe sa seconde marche. D’ailleurs, si vous avez le sens de l’observation, vous avez d’ores et déjà remarqué la relative bonne note attribuée à ce livre (un bon point pour vous).


Force est de reconnaître que tous les composants qui ont fait la réussite du premier tome de Prince Gédéon n’ont pas été oubliés par le casting : le gros truc bleu, les chewing-gums magiques, le cri qui perce les oreilles, les blagues à la noix, le courage sans œil, l'aberration bienheureuse, l'emportement démesuré, tout le toutim. En gros, pas que des machins et des bidules nazes. Dès la première page de l’album, le trait simple, les couleurs radieuses, le caractère bon enfant et l’entame prometteuse (la quête insouciante d’un nouvel exploit) n’ont pas pris une ride par rapport à l’année dernière. Nous sommes bel et bien en terre connue. D’après ce que nous connaissons de la malice du duo Langlois et Milotte, le fil agité de cette épreuve en gestation a toutes les chances d’amuser à nouveau nos pupilles félines. Mais alors que la surprise ressentie pendant la lecture de
Trois chewing-gums pour sauver Milena avait plus que chatouillé nos zygomatiques, le déroulement de ce deuxième tome ne rattrape pas tout à fait le niveau de son prédécesseur. Les effets dansent un tantinet en rond, les gags sont moins irrésistibles, le dénouement, anticipé à l’avance. Les enjeux dramatiques qui auraient pu être mis en page – histoire de surprendre un peu le témoin oculaire que nous sommes, laissent place à la conventionnelle marque de fabrique qui se contente de conforter un succès plus que de le bousculer. Cela dit, et comme à l’accoutumé, l’histoire n’est pas avare de nouveaux personnages complètement improbables. Ce qui est tout à fait salutaire pour protéger Touche pas à mon exploit ! d’un possible naufrage – oui, parce que j’avais dit qu’il n’y aurait pas de tempête, mais quand même, Dame Nature et ses lubies, tout ça, on sait jamais… Enfin, bref ! L’armée de petits fous furieux à l’inefficacité redoutable, le chevalier de renom aux exploits catastrophiques ou le grand frère peureux et disciple inattendu de Ken Le Survivant (véridique !) sont autant de héros fabuleusement drôles qui font de l'escapade un moment mignon à feuilleter. Une fois encore, Langlois et Milotte détournent avec dextérité les codes du genre – ceux du conte pour nigauds et un peu de l’heroic fantasy pour boutonneux (sans les gros biscotos et les nénés rebondis). Le volume grouille de fugaces références parodiques tel que le film d’animation Shrek nous a habitué depuis. Le clin d’œil à ce ténor du genre est à ce propos pleinement assumé. Puis il est agréable de noter que pour un livre avant tout destiné aux jeunes enfants, les auteurs ne tombent jamais dans le cucul la praline ou le gentillet.

Pour cette seconde incursion, les rafraîchissements et les aléas sont de moindre importance. L’ensemble reste certes sympa, mais le grain de folie hystérique qui anime tout ce joli monde – malgré quelques redondances (prévisibles à la longue), file la pêche et pousse TOUT A FAIT aux sourires. Et si les gamins d’aujourd’hui aiment en fin de compte ce style de tambouille décalée et bourrée d’une certaine énergie anarchique, alors un grand soulagement se profile à l’horizon : leur future culture n’est peut-être pas condamnée à mourir de raison et d’ennui… Enfin…
Croisons quand même les doigts,
Dame Nature et ses lubies, tout ça,
on sait jamais.