Les Petites prouesses de Clara Pilpoile - Tome 2 - Viva Las Vegas !

Comme le premier tome, ce deuxième volet de Clara Pilpoile peine à intéresser le lecteur au récit ou aux personnages ; dommage, les dessins sont attachants.

On avait déjà fait remarquer, au moment de la sortie du tome 1, que Clara Pilpoile avait beau être dessinée dans le plus pur style de la collection Poisson Pilote, elle évoluait dans une histoire trop hésitante pour donner envie de s'y plonger. Anne Simon récidive avec Viva Las Vegas, un album aussi frustrant que le précédent, malgré sa volonté d'articuler une intrigue construite en plusieurs parties bien nettes.

Elles aussi ?Clara Pilpoile, devenue biographe de l'égrotante Odette Populo, se retrouve quasi-forcée de partir en voyage type « club du troisième âge » avec les antiquités qui servent d'amies à la Populo. La destination : Las Vegas. Mais Clara va aller de surprise en surprise, et le séjour ne sera pas de tout repos...

D'un point de vue graphique, pas de doute, Anne Simon suscite la sympathie. On peut même trouver certaines illustrations franchement inventives (la galerie de portraits des amies d'Odette, à base de comparaisons monstrueuses avec un pruneau séché, un lapin, etc.), et apprécier la mise en page usant d'un gaufrier rigoureux, ponctué de pleines pages figurant les débuts de chapitres. Pourtant, difficile de rentrer dans cette bande dessinée ou de s'attacher à ses personnages. Clara et son amie Ariane, déjà connus des lecteurs du tome 1, semblent tomber comme un cheveu sur la soupe dans une histoire qui ne les concerne pas ; c'est apparemment le sujet de l'histoire, mais on ne peut pas décemment s'intéresser à des évènements qui n'impliquent pas un seul instant l'héroïne (Ariane, quant à elle, est pour ainsi dire absente de l'album), et ne font l'objet que d'une conclusion hâtive, limite bâclée, en fin de volume. On sent bien que l'ambiance se voudrait Agatha Christiesque, avec
Et toi alors, avec tes
deux têtes à maquiller ?...sa brochette de mémés buveuses de thé et ses meurtres en série. Mais Clara n'a pas vocation à mener une enquête, elle se contente de chercher la sortie de l'album, comme nous.

Si frustration il y a, ce n'est pourtant pas sur le côté murder party, dont on peut se passer pour l'avoir beaucoup vu ailleurs. Ce serait plutôt sur le développement des personnages, qu'il s'agisse de l'Elvis Presley de pacotille qui hante le casino ou de sa sœur à deux têtes ; on sent un réel potentiel de cet univers, une capacité à marcher sur la corde raide de l'humour absurde et de l'étrangeté dopée aux freaks. Mais non, la sauce ne prend pas, l'étincelle ne jaillit pas, la connexion bugue, Clara rate peu ou prou sa prouesse, et on passe à côté des ressources de la dessinatrice pourtant talentueuse. Peut-être qu'avec un coscénariste ...? mais bon, on dit ça, on dit rien.