6.5/10Paris Strass

/ Critique - écrit , le 25/09/2006
Notre verdict : 6.5/10 - « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » (Fiche technique)

Tags : paris strass avis humour jeux manga disponible

Paris Strass ne nous dévoile rien de l'envers du décor que nous ne savons déjà. Son rôle est simplement de caricaturer plus ou moins grossièrement pour distraire les populos que nous sommes.

« Vous ne voyez que la surface de ce monde en technicolor » avertissait Diane Dufresne lorsqu'elle gloussait son désarroi en plein âge d'or de Starmania. C'était avant qu'elle ne dégringole de son acropole médiatique. Aujourd'hui, même si la chanteuse se fait plus discrète en France, il lui serait préférable de passer des pots de vins sous la table pour préparer un retour osé à coup de photos faussement volés. Paris Strass incarne à lui seul ces magazines friands de clichés approximatifs, de scandales opportuns ou malencontreusement provoqués. En un mot : Paris Strass fait du sensass. Tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins, du moment que la couverture affiche un scoop racoleur. Tel est le petit monde sur lequel s'est penché Omond pour scénariser cette nouvelle série de Fluide Glacial. Un univers où les paillettes dissimulent difficilement les sodomies inconvenantes.


Paris Strass
est présentée sous le même format que
Cosmik Roger. Vous y trouverez différents épisodes allant de 2 à 6 pages et décortiquant chacun une tranche de vie intime de nos faux-amis VIP. Pour dérober quelques instants de vies privés, Jessica joue les paparazzis. Perchée dans un arbre aux branchages fragiles, elle pointe son objectif des journées entières, ciblant une célébrité quelconque dont le trophée trônera sur les premières pages d'un journal que vous lirez pendant vos heures d'incontinences. Mais Jessica peut-être aussi très demandée pour aider une tête oubliée à revenir au devant de la scène. Omond ne lynche pas la photographe censé personnifier une profession mal aimée à tort ou à raison. La jeune femme s'avère être une personne lucide, chassant simplement la bonne affaire qui égayera l'humeur de ses patrons. Elle ne raffole pas de ces mondanités hypocrites et ne rencontre aucun scrupule quant à exhiber les secrets de ces peoples excentriques. Jessica n'est pas présente dans toutes les histoires. Elle n'est qu'un personnage central sur lequel on revient de temps à autre; simplement encrée dans un système qu'elle et ses confrères n'ont pas inventé directement. L'auteur a davantage concentré son sujet sur les victimes ; des célébrités overdosées médiatiquement un jour pour être en manque de reconnaissance le lendemain. Tout est sujet à la tromperie, aux coups bas, à l'égoïsme et autres manipulations plus ou moins réussies où la presse pourra se faire les dents. Le nom revenant le plus souvent est Paris Milton. L'incarnation parfaite de la figure emblématique de part son insignifiance. Tout le monde en parle mais personne ne la voit. On simule derrière son dos pour qu'elle puisse mieux exister. Omond n'évoque pas directement ( ou très peu ) les arrangements ambiguës qu'entretiennent ces têtes brûlées excentriques avec la presse. Il préfère caricaturer leurs vies personnelles à la fois pathétiques et luxuriantes, où ils construisent les édifices du piège qui va se refermer sur eux. Il est regrettable que le scénariste se cantonne à de courts récits où il généralise à coup d' idées reçues ( même si la réalité dépasse la fiction ). Le sujet pourrait être davantage développé et donner un résultat plus intéressant. L'humour est à degré variable : parfois incisif tantôt superficiel par son manque d'approfondissement. Globalement, les histoires se lisent convenablement. Quelques unes d'entre elles sortent du lot grâce à une certaines justesse dans leur propos, d'autres moins nombreuses empreintent le chemin inverse.


Niveau griffonnage, le dessin de Yoann se prête bien au jeu. Le trait se veut simple, ferme, vivace : efficace. Il se transpose très bien avec le thème évoqué. La couleur s'intègre au ton général du sujet. Certaines histoires ont des colories un peu forcés sur le rose, mais pas excessivement flashy et compensé par les jeux d'ombres et lumières. Le choix des teintes n'a rien d'exceptionnel mais met en place correctement l'ambiance désirée.


Paris Strass ne nous dévoile rien de l'envers du décor que nous ne savons déjà. Son rôle est simplement de caricaturer plus ou moins grossièrement pour distraire les populos que nous sommes. De ce côté là, Yoann et Omond accomplissent correctement leur boulot. Dommage qu'il ne creusent pas de manière plus affirmée leur gagne pain et mieux aiguiser leur humour.