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8.5/10Ombre & Lumière - Tomes 1 à 4

/ Critique - écrit par Maixent, le 30/10/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Cette obscure clarté qui tombe des étoiles... (Fiche technique)

Quand la Graphic Novel fait incursion dans le monde de l'érotisme, mêlant avec talent la beauté et la crudité des textes à la finesse d'un dessin moderniste s'appuyant sur des bases classiques.

Plus roman graphique que bande dessinée, Ombre et Lumière propose une alternative à l’érotisme, prenant en compte son double aspect, intellectuel et graphique.  Selon l’auteur, comme indiqué dans la préface, il est arrivé à cet objet littéraire pour se faire plaisir, conscient qu’il n’existait pas sur le marché d’œuvres semblables. En effet, si l’on trouve des grands textes illustrés par des auteurs comme Tardi illustrant Céline ou encore des graphic novel comme Tamara Drew, le genre est plutôt rare dans l’érotisme. Et pourtant, l’érotisme se prête parfaitement à cet exercice, permettant de mettre en parallèle une excitation littéraire laissant libre court à l’imagination et des dessins réalistes mettant en avant une sexualité crûe et directe.

Le dessin en lui-même est d’ailleurs extrêmement travaillé, entièrement réalisé à
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la mine de plomb.  Hyperréaliste, il emprunte tout à la fois à une grande modernité dans le choix des positions des personnages  et au classicisme de la Renaissance. Utilisant le clair-obscur et ses effets de contraste saisissants, Quinn  offre un dessin pornographique de qualité qui intellectualise l’acte. On ressent une facture classique , comme si un de La Tour ou le Caravage s’étaient essayé à des sujets moins religieux. D’un érotisme raffiné et progressif ces nouvelles sont le plus souvent issues d’histoires réelles mettant en scène deux personnages ou plus dans une sexualité assumé lors d’un épisode court de leur vie. On les croise au détour d’un rapport ou de rencontres répétées, comme si l’on rentrait dans leur intimité l’espace d’un instant. Certaines nouvelles se déclinent d’ailleurs en plusieurs
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parties, laissant voir la progression des personnages.  L’aspect voyeuriste est d’ailleurs renforcé par les points de vue du dessinateur qui, à la manière d’un cameraman en caméra subjective entraîne le lecteur dans la ronde des corps qui exultent. Les textures sont également travaillées, mises en avant par des effets de lumières maîtrisés.

Il ne faut cependant pas se fier à la douceur du trait, la violence consentie est présente à la fois dans les textes et dans le dessin. L’auteur ne se censure pas, conscient que les histoires d’amour nécessitent une part de crudité. Les dialogues sont ciselés et ne s’embarrassent pas de politiquement correct. Les personnages jouissent et ne s’en privent pas.  Les rapports de domination et de soumission restent au premier plan. Les amants s’attachent, s’humilient et se désirent tour à tour mais toujours respectueusement.
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On reste dans le crédible et la proximité avec le lecteur s’en ressent d’autant plus.

Les deux tomes sortis en France et regroupant les quatre premiers volumes américains réunissent de courtes histoires souvent véridiques et toujours sur le même thème soit  un érotisme sain bien que très crû et une sexualité qui sans être déviante progresse peu à peu, poussant les personnages dans leurs derniers retranchements.

Quinn met en avant une sexualité libre, sans juger et sans sombrer dans le graveleux. Il a créé de toute pièce un ovni graphique selon ses propres envies et désir, sans se soucier de plaire ou de copier ce qui marche. Intellectualisant l’acte et se rapprochant de figures classiques, il offre une œuvre originale bien loin des clichés dans lesquels le lecteur peut cependant aisément se reconnaître.