1/10La Nuit des cendres

/ Critique - écrit par Maixent, le 03/06/2008
Notre verdict : 1/10 - Des cendres en flèche (Fiche technique)

Vous venez de sortir d'une soirée dans laquelle votre ex vous a pris la tête, un gros lourd vous a renversé un verre dessus, et vous avez fumé trois paquets de clopes pour compenser. Lisez La nuit des cendres et retrouvez ces moments merveilleux.

La bd intimiste avec des couleurs pastels, des personnages assez ressemblants pour que l’on s’identifie et des histoires de tous les jours, pourquoi pas. Mais outre le fait que tout le monde s’y mette et que ça puisse devenir lassant, ça en devient très vite insupportable lorsqu’on n'accroche ni aux personnages, ni à l’intrigue.

L’intrigue de La nuit des cendres est simplissime. Un couple organise une fête dans son appartement. Comme dans une fête normale, il y a ceux qu’on ne connaît pas vraiment, ceux qui s’évitent pour avoir couchés un jour ensemble, celui qui se fait Mégateuf
Mégateuf
casser la gueule à force d’être con… Bref toute une galerie de personnages qui nous rappellent les super soirées auxquelles on a pu se rendre et où l’on s’est dit qu’on aurait dû rester chez soi. S’en suivent une série de pages insipides où l’auteur rallonge à n’en plus finir les points forts de la soirée (l’intrigue consistant à mettre au point une queue-leu-leu surprise dure trois pages !) Au final bien sûr, cette idée qui apparaissait déjà en quatrième de couverture : « Les choses ne sont pas toujours ce que l’on croit, ni celles que l’on aimerait qu’elles soient », d’une portée philosophique indéniable. Il faut donc comprendre que les auteurs nous donnent plus à voir qu’une soirée de trentenaires désabusés, reste à savoir quoi. Car s’il s’agit de Mme Bignard en route pour l’hôpital, on s’en moque un petit peu.

En ce qui concerne le dessin, le parti pris de « lisser » les personnages rend l’ensemble peu crédible, ils ont toujours la même bonne bouille même lorsque la soirée, à l’instar des bouteilles, est bien entamée. Au niveau des expressions, ils n’expriment pas grand chose si ce n’est une sérénité tout empathique, rehaussée ça et là de quelques zigzags pour figurer la colère ou des petites gouttes pour l’étonnement. De toute façon, la plupart du temps, on ne voit les visages que de loin. D'une façon générale, le dessin n'est pas assez fouillé et apparaît plus comme un brouillon préparatoire.

Heureusement que le mouvement des personnages confère un petit peu d’action dans un scénario où il ne se passe rien. On fume sur la terrasseVanitas Vanitatum, omnia vanitas
Vanitas Vanitatum, omnia vanitas
, alors on voit la neige, tandis qu’à l’intérieur on reste au chaud en écoutant du ABBA. Les scènes se suivent et se répètent autour des mêmes dialogues creux, même si l'on sent poindre une once de profondeur, de ceux qui vous fuir une soirée en vitesse. Des dialogues à la limite du supportable, pétris de bons sentiments politiquement corrects et révélateurs d’une époque où des à-peine-trentenaires s’ennuient ensemble plutôt que seuls. Alors bien sûr, il y a des tragédies, la vie est dure, mais dans ce contexte, ce n’est qu’une scène de plus juxtaposée sans cohérence avec l’ensemble.

Si on ne fait pas vraiment attention, placée dans une librairie, La nuit des cendres apparaît comme une bd sympa, avec une jolie couv montrant une cigarette, donc avec un esprit rebelle, mais tout cela manque singulièrement de profondeur et d’engagement, ce que l’on pardonnerait si au moins on avait ri, ou si un graphisme époustouflant nous avait fait bondir de notre siège. L’ensemble n’est pas honteux, mais c’est comme aller manger chez Flunch, il y a tout ce qu’il faut pour l’organisme et pour pas cher, mais au final ça reste quand même assez insipide.