7.5/10Mister Hyde contre Frankenstein - Tome 2 - La chute de la maison Jekyll

/ Critique - écrit par riffhifi, le 25/09/2010
Notre verdict : 7.5/10 - Dr Luthor et Mr Hulk contre Santos (Fiche technique)

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Davantage d'action et de flashbacks que dans le premier volet, mais cette conclusion laisse en suspens bon nombre de mystères, probablement pour laisser l'esprit du lecteur fomenter ses propres extrapolations.

Avec un premier tome élégant et plein de mystère, qui repoussait délibérément à plus tard les éléments annoncés par le titre (le docteur Jekyll n'était pas montré sous sa forme mutée, la créature de Frankenstein restait dans l'ombre), l'incursion de Dobbs et Marinetti dans la collection 1800 de Soleil était à la fois savoureuse et pleine de promesses. La suite, comme l'annonce sa superbe couverture (à nouveau signée par Gérald Parel), rentre dans le vif du sujet et dispense
davantage d'action.

Le docteur Jekyll, après son expédition tragique sur les traces de la société Walton, a désormais des relations tendues avec son assistante Faustine Clerval, descendante d'un ami proche de Victor Frankenstein. Mais le savant ne désespère pas de mettre la main sur la créature assemblée cent ans plus tôt par son homologue, quitte à se prendre quelques gnons au passage. Pourquoi cet acharnement à retrouver le monstre ? Malheureusement (ou heureusement), c'est un des points laissés dans l'ombre par le scénariste, qui préfère manifestement embrouiller les fils plutôt que les démêler. Dobbs se fait ainsi un plaisir de multiplier les références à la littérature et aux personnalités de l'époque (après Elephant man dans le premier tome, on croise ici Sigmund Freud), utilisant certaines comme clins d'œil et d'autres comme pistes d'exploration (on ne sait dans quel camp ranger le titre emprunté à Edgar Poe). A l'issue de l'histoire, on peut se trouver frustré de ne pas avoir eu toutes les explications attendues, comme on peut apprécier d'avoir à malaxer les possibilités offertes par une fin ouverte dans plusieurs directions.

Du côté graphique, on se réjouit de retrouver le pinceau d'Antonio Marinetti, dont le style retranscrit à merveille l'ambiance glacée qu'on peut attendre d'un récit d'épouvante situé au tournant du siècle dernier. Clair et précis, le séquençage ne présente de faille qu'à la page 29, où il semble manquer une ou deux cases... Chargé cette fois de mettre en scène quelques séquences mouvementées, le dessinateur s'en tire avec brio, leur offrant un petit goût comics en gardant sobriété et retenue dans la mise en page. La représentation des créatures renvoie
au style de Berni Wrightson pour la créature de Frankenstein (avec un soupçon de catcheur mexicain pour la façon dont la peau du visage constitue une sorte de masque)... et à l'incroyable Hulk pour Mister Hyde. Rappelons tout de même que cette vision d'un Hyde immense et musculeux, popularisée par
La ligue des gentlemen extraordinaires (BD et ciné) et Van Helsing, se situe aux antipodes du livre de Robert Louis Stevenson, où il était décrit comme plus petit que Jekyll. Ce n'est qu'une des entorses faites aux romans sources, dont Dobbs s'éloigne ici de façon bien plus sensible que dans le premier tome : Jekyll et Hyde se comportent de la même manière (avec son crâne rasé et son sourire diabolique, le premier apparaît comme une sorte de Lex Luthor victorien), plusieurs flashbacks montrent des scènes incompatibles avec les évènements des livres, etc. A moins d'être un puriste acharné, on avalera sans peine ces libertés, qui permettent la création d'une œuvre originale bien agréable à déguster.

Parti sur sa lancée, Dobbs a d'ores et déjà sorti son nouvel opus dans la collection 1800 : Allan Quatermain et les mines du roi Salomon, une adaptation littérale du roman illustrée par Dim-D.