6.5/10Miki - Tome 1 - Neuralithium

/ Critique - écrit par iscarioth, le 06/07/2005
Notre verdict : 6.5/10 - Fantastique Anticipation ? (Fiche technique)

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Miki développe un univers intéressant et riche. Graphiquement, Neuralithium n'est pas parfait mais Anton, qui n'a qu'une petite vingtaine d'années, a tout le temps de progresser et semble être sur la bonne voie.

On peut dire que les auteurs de Miki sont de parfaits inconnus aux yeux de la plupart d'entres nous, bédéphile ou pas. Anton, le dessinateur, réalise ici sa première production d'envergure et Serge Meirinho, le scénariste, très actif dans le milieu des jeux vidéos, n'a jusqu'à présent signé qu'une seule série : Bluehope.

L'histoire

Dans un futur proche et indéterminé, une gigantesque vague a englouti une grande partie des cotes françaises et européennes. La géographie s'en est retrouvée bouleversée. Miki a grandi dans cette France transfigurée. La jeune fille, suivie médicalement, tente aujourd'hui de fuir ses parents en allant rejoindre une amie à Bordeaux...

La rencontre de deux univers

La principale qualité de Miki, que l'on remarque très rapidement, est ce mélange entre l'univers fantastique et le récit d'anticipation. Ce premier tome nous laisse entrevoir un fort potentiel scénaristique, en nous présentant une France géographiquement et humainement meurtrie par un cataclysme. Le futur proche qui nous est présenté est amusant, sans être ridicule. On sourit à la vue de nombreux clins d'oeil : le moteur de recherche Yaggle faisant fusionner les logos de Yahoo et de Google, le feuilleton futuriste à l'eau de rose, les écrans géants, les visiophones... Un sympathique récit d'anticipation mais aussi un débordement fantastique, d'abord onirique, très surprenant. L'anticipation et le fantastique : deux univers très proches mais pas très souvent mis en corrélation par les scénaristes. L'idée de Meirinho est bonne. Reste à attendre les prochains tomes pour savoir si le scénariste saura l'exploiter jusqu'à la moelle. Mais, quoiqu'il advienne de la série, Neuralithium reste un album très surprenant, bien dialogué et bénéficiant d'un final extrêmement percutant.

Dessins et couleurs...

On sent un dessinateur en début de carrière. Anatomiquement, les personnages manquent parfois de souplesse et de caractère. Visiblement, Anton est assez influencé par l'univers des comics. Sa mise en page et sa façon de dessiner les corps et les visages en témoignent. Le dessinateur semble bien maîtriser la perspective. Les plans aériens sur l'urbanisme nous le montrent. Mais l'auteur réussit moins bien ses intérieurs. Ses planches sont souvent graphiquement très légères, avec beaucoup de trames de fond. La coloration de Thomas, que l'on devine un peu trop vite réalisée sous Photoshop, n'arrange rien. L'informatisation des couleurs saute aux yeux et déshumanise ici le trait d'Anton, déjà peu prolixe en détails. Le simplisme des arrière-plans n'est que rarement relevé par la couleur de Thomas. On se souvient d'une scène se déroulant dans la salle de bain (page 30), avec, sur le mur, du carrelage. Le carrelage n'est représenté que par un simple quadrillage noir, colorié par un dégradé régulier allant du marron foncé au marron clair. A peine quelques détails. Un effet réalisable en quelques secondes avec n'importe quel logiciel graphique. L'album n'en demeure pas moins agréable à lire, avec des couleurs souvent chaudes et ocres, qui rappellent la Provence et un dynamisme général visible dès la couverture.


Miki développe un univers intéressant et riche. Graphiquement, Neuralithium n'est pas parfait mais Anton, qui n'a qu'une petite vingtaine d'années, a tout le temps de progresser et semble être sur la bonne voie. Le potentiel scénaristique et graphique est là, reste à le développer.