4.5/10Messiah Complex - Tome 1 - Les enfants du destin

/ Critique - écrit par iscarioth, le 10/12/2006
Notre verdict : 4.5/10 - Futur convenu (Fiche technique)

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Ce premier album de Messiah Complex annonce un pitch convenu, rabâché, sans valeur ajouté par rapport à ce que l'on nous sert habituellement.

Le futur : il n'y a pas fantasme plus grand. Quoi de plus excitant, de plus exaltant pour l'esprit, que d'essayer de l'inventer, de l'anticiper ? Cette envie donne naissance aux genres de science-fiction et d'anticipation, qui nous ont offert des chefs d'oeuvres mais qui, dans leurs productions routinières, ont eu aussi à faire face à leurs clichés et ratés.


Messiah Complex
nous propose un univers fantastique, et c'est visible dès la couverture : un arrière-plan futuriste juxtaposé à un avant-plan "rétro-oriental". Le tout édité chez les Humanos, spécialistes de l'impossible. L'album s'ouvre sur la présentation du personnage principal, le héros, un jeune homme androgyne, serré dans sa chemise blanche cintrée type boys band. On introduit le personnage un peu comme on l'a fait avec Wolverine sur
X-Men premier du nom au cinéma. Une arène, un combat, dont le vainqueur n'est pas celui qu'on croit. On décèle déjà quelques punch lines mais jusque là, pas de problèmes majeurs. C'est juste après que les choses se compliquent. On assiste à un dialogue expositionnel entre notre héros, Sonneillon, qui se révèle être un surhomme, un hybride. On comprend dès la lecture de ce dialogue que Messiah Complex fait partie de ces séries qui s'amusent à créer des dialogues au champ lexical très élaboré, constitué de mots et concepts inventés. Une technique souvent employée pour crédibiliser une fiction futuriste, mais qui s'avère à chaque fois épuisante de superficialité, tant elle permet de comprendre la surface des choses, mais jamais véritablement le fond, qui n'est conçu que comme un mirage.

Messiah Complex a une identité, un univers. Chaque scène est introduite par un plan panoramique. L'intrigue se déroule en 2478 et les être humains sont disséminés aux quatre coins du cosmos. La population est contenue dans des ghettos, tandis qu'une noblesse antique règne. Les auteurs mélangent deux esthétiques. L'esthétique futuriste classique, avec les hauts gratte-ciels, les multiples vaisseaux en lévitation dans la ville ou encore les planètes visibles dans le ciel. Rattaché à cela, l'esthétique « orientalo-antique ». Des tissus fins de l'orient chez les nobles, et un vocabulaire qui nous ramène à la Rome d'antan : l'Empire, Vespasien, les vestales... Si le brassage des influences donne un résultat plutôt intriguant, en elles-mêmes, les esthétiques créées n'ont rien de bien révolutionnaires. Par exemple, on représente à un moment un amphithéâtre de faculté. La structure est la même qu'aujourd'hui : professeur sur estrade et gradins. Les différences : chaque étudiant est face à un écran, une espèce de cerveau volant rode dans les parages et le prof est affiché sur un écran. Une vision un peu désuète et simpliste. On aurait aimé une année 2478 représentée de manière plus imaginative.


Les costumes, certains personnages et scènes, donnent l'impression d'un univers futuriste un peu kitsch, un peu vieillot (le superviseur habillé comme un serveur chez Quick, page 40). L'univers présenté est en proie à un régime autoritaire, contrôlé et, en face, s'organise la résistance. Autre thème redondant : l'arrivée du messie qui, bien sûr, revêt toujours la forme d'un faible. Ici, une adolescente perdue. Le final est bien huilé, l'album se conclut avec une fusillade assez sanguinolente et sur un moment de suspense qui n'inquiète personne (ils s'en sortiront, ils s'en sortent toujours comme dirait l'autre fan de Prison Break). Graphiquement, Eduardo Ocana opte pour un style réaliste mais personnalisé. Ses traits sont extrêmement fins mais renvoient parfois à une impression d'amateurisme. Les visages sont changeants, tantôt charismatiques, tantôt effacés.


Ce premier album de Messiah Complex annonce un pitch convenu, rabâché, sans valeur ajouté par rapport à ce que l'on nous sert habituellement. L'album est toutefois bien articulé, et se laisse lire sans peine.