8/10Malefosse - Tome 1 - L'escorte

/ Critique - écrit par iscarioth, le 27/06/2007
Notre verdict : 8/10 - Sur le chemin de la réussite... (Fiche technique)

Tags : malefosse dermaut francois tome chemins integrale chapitre

Voici donc une préquelle tout à fait réussie. Malefosse remplacera-t-il, dans le cœur des fans, Les chemins ? C'est presque possible...

Malefosse... Un quelconque rapport avec la célébrissime série Les chemins de Malefosse de Daniel Bardet et François Dermaut ? Bien évidemment. Nous avons là entre les mains une préquelle.

Gunther est le personnage central d'une série riche et foisonnante. Malefosse propose au lecteur de remonter vingt ans avant Les chemins... pour explorer la vie du jeune homme. On s'en rend compte dès les premières pages, le lancement de cette préquelle ne tient pas du sale coup commercial. Une véritable entreprise artistique pour laquelle le créateur François Dermaut s'est adjoint le service de Xavier Gelot, un lecteur assidu des Chemins, qui passe aujourd'hui de l'autre côté de la barrière en apportant son point de vue de « lecteur érudit » au scénario. Visiblement, l'alchimie s'est faite.

Quels progrès réalisés, des premiers tomes des Chemins à aujourd'hui ! François Dermaut est aujourd'hui un artiste accompli. Pour son premier exercice en couleurs directes, il n'a pas à rougir de sa prestation. Comme certains de ses illustres collègues ayant eux aussi usé de cette technique (Gibrat, Hermann), il parvient à décupler l'impact de ses planches, à magnifier son style. Les visages ont quelque chose d'usé, de froid, de cadavéreux. Une dureté des tons que la froideur de l'hiver n'explique pas entièrement. Parfois vampiriques (page 24), les visages de Dermaut n'en demeure pas moins très expressifs et humains.

Dans la lignée des Chemins... et autres séries du millénaire passé de la collection Vécu de Glénat, Malefosse est particulièrement dur. Nous sommes au 16ème siècle, sortis récemment de la période que l'on nomme le moyen âge. La bestialité des hommes ne s'est pas pour autant terminée avec le millénaire obscur. La lutte fratricide entre chrétiens catholiques et protestants donne à voir des images sanglantes. Le récit est aussi fort bien rythmé, les duels à l'épée sont nombreux et leur issue sans concessions. Malefosse oblige, les dialogues, rédigés dans un style d'époque sont absolument savoureux. Enfin, last but not least dans la liste des qualités à énumérer, l'agencement des plans, tantôt classiques, tantôt novateurs. On se rappellera longtemps de cette vue subjective : Gunther dans son lit, retenant un poignard que l'on tente de planter dans sa gorge. Rares sont ceux qui s'exercent à ce genre de parti pris dans le dessin et plus rares encore sont ceux qui parviennent à un résultat aussi fluide, compréhensible et agréable à l'œil.

Voici donc une préquelle tout à fait réussie. Malefosse remplacera-t-il, dans le cœur des fans, Les chemins ? C'est presque possible...