La Malédiction de Ségolène Royal
Bande Dessinée / Critique - écrit par riffhifi, le 27/11/2008 (Dans le sillage de La légende de Nicolas Sarkozy, les éditions Carabas tentent de capitaliser sur l'image de son adversaire malchanceux. Le sujet est bien moins porteur, et le résultat laborieux ne provoque guère plus qu'un sourire.
Au mois de mai, les éditions Carabas publiaient un petit livre carré diablement rigolo qui listait un paquet de vérités désopilantes sur notre Président (« Nicolas Sarkozy peut briser l'atome à mains nues... Puis le réparer avec du scotch », etc.). Sur un principe simple et en s'appuyant sur une personnalité forte et sujette à plaisanteries, La légende de Nicolas Sarkozy déclenchait volontiers le rire du lecteur. Aujourd'hui, les blagueurs Benjamin Richard et Nicolas Digard tentent de recycler la formule en l'appliquant à Ségolène ‘la Scoumoune' Royal, toujours avec la complicité du dessinateur Jean-Paul Krassinsky.
Le postulat de base est opposé au précédent : Ségolène, contrairement à son adversaire de 2007, serait affectée d'une poisse surnaturelle qui l'empêche de réussir quoi que ce soit. Outre le côté purement gratuit de ce parti-pris (sa défaite aux présidentielles s'explique très bien sans l'intervention de la malchance), il faut bien avouer qu'il offre beaucoup moins de possibilités de gags que l'usage des superlatifs associés au concept « Chuck Norris / Nicolas Sarkozy ». On se souvient néanmoins de quelques malchanceux célèbres qui ont
bien fait rigoler leur public, le Pierre Richard de La chèvre en tête. Pas de bol (justement), les auteurs se révèlent très moyennement inspirés, incapables de livrer la moindre blague au-dessus du niveau de « Le disque dur de Ségolène Royal est mou » ou « Quand Ségolène Royal lance un boomerang, il ne revient jamais » (deux exemples choisis scrupuleusement parmi les plus drôles de l'album, et qui par une incroyable coïncidence se voisinent sur une même page). Les dessins de Krassinsky sont à l'avenant, faibles et expédiés.
Les procédés employés sont globalement les mêmes que dans La légende de Nicolas Sarkozy : l'inversion des rôles (« L'hiver dernier, la grippe a attrapé Ségolène Royal », « Les échelles n'aiment pas que Ségolène Royal passe dessous, ça porte malheur »), l'exagération de la poisse (« Quand Ségolène Royal dîne dans une crêperie bretonne, il pleut à l'intérieur ») et le non-sens complet (« Ségolène Royal a déjà fait un zéro en lançant un dé »). On note également un goût particulier des gagmen en chef pour le fait que Ségo aime parler des fromages de chèvre du Poitou ; on imagine qu'ils se sont bidonnés sur le sujet un soir de cuite, mais de là à le ressortir à plusieurs reprises dans leur liste de vérités... Tout ici sent l'effort pénible à des fins d'augmentation du chiffre d'affaires de l'éditeur. Dommage, il y a des choses tellement plus intéressantes chez Carabas.
Prochaine étape supposée : La raie au milieu de François Bayrou. Exemples : « Quand il se lave les mains, François Bayrou tourne le tuyau du lavabo pour avoir de l'eau tiède » ; « En arrivant à un rond-point, François Bayrou roule tout droit » ; etc.