8.5/10Lucha libre - Tome 1 - Introducing the Luchadores Five

/ Critique - écrit par iscarioth, le 05/09/2006
Notre verdict : 8.5/10 - El santo ! (Fiche technique)

Tags : tome lucha luchadores five libre frissen jerry

Lucha libre, c'est l'une des très bonnes surprises de la rentrée. Ceux qui ont déjà eu le loisir de profiter de l'humour corrosif de Jerry Frissen adoreront à coup sur cette nouvelle série.

Ca bouillonne de projets, chez les éditeurs BD. Et les Humanoïdes Associés ne sont pas les derniers à innover. Il y a quelques mois, la maison publiait le premier album des aventures de Polly et les pirates. Vingt-cinq pages environ, pour un album à la forme et au prix qui restent inchangés. On attendait Lucha libre de pied ferme, en espérant une créativité éditoriale plus forte. Eh bien, il n'y a pas eu de déception.


Cette toute nouvelle série nous immerge dans un univers complètement loufoque et baroque, dont la principale influence semble être le catch mexicain, appelé la « lucha libre ». Une forme de catch plutôt méconnue de nous, français, mais qui a dès les années trente un véritable succès outre-atlantique. Brassant les influences, ces catcheurs mexicains avaient pour particularité de rester tout le temps le visage caché par des masques s'inspirant des légendes aztèques. C'est de cette culture un peu kitsch que Jerry Frissen et Bill se sont inspirés pour créer les Luchadores five, un groupe de combattants qui se la jouent super héros mais qui donne pour l'instant plus l'impression d'un groupe de galériens excentriques. Nos cinq bonshommes se frottent à d'autres groupes farfelus. Dans cette introduction, nous pouvons en découvrir deux : un gang de loups-garous et un autre de français... typiquement français. Des moustachus au béret et au foulard fumant de petites cigarettes, pratiquant la savate et circulant dans une Citroën présidentielle ayant appartenu à Charles de Gaulle. La parfaite caricature de l'américain sur le français, mais plus intelligente qu'on le croit, avec des références à la culture populaire française bien appuyées et qui font mouche (Michel Sardou, On a retrouvé la 7e compagnie).


L'auteur des excellents Zombies qui ont mangé le monde ne déçoit pas. L'univers présenté est farfelu, parodique (une soucoupe volante et un Godzilla s'invitent sur le périph') mais suffisamment bien narré pour être compréhensible et accrocheur. Jerry Frissen nous avait habitué à la caricature du gros beauf américain sur sa série des Zombies (dans le tome 2, Freddy se déguise justement en une espèce de catcheur mexicain pour rendre visite à quelques bouseux). Entre deux bastons, dans Lucha libre, un américain typé sort de sa maison la casquette vissée sur la tête, la gueule bien carrée et le fusil à pompe entre les mains pour protéger son bout de trottoir à coup de « putain de machin et putain de truc ». Après cela, on ne peut pas en vouloir à Frissen quant il décrit les français comme des gens qui « changent de camp régulièrement et n'hésitent pas à frapper dans le dos ». Chacun en prend pour son grade, en quelque sorte.


Lucha libre
reprend la forme magazine ou comics, avec un sommaire, des histoires à suivre, des articles illustrés et thématiques, des fausses couvertures et fausses pubs. L'album est une véritable oeuvre de collaboration. Le gros de ce premier numéro rapporte une histoire des « Luchadores five », signée par Bill et Jerry Frissen, qui semble être au centre de ce nouveau projet. Sur le même thème du catch mexicain, on retrouve aussi Witko et Ines Vargas, qui signent des gags en une planche autour du personnage de Profesor Furia. Au total, à la lecture du sommaire, on compte pas moins de neuf auteurs qui se sont réunis autour de ces quarante-huit petites pages. Et cette fois ci, le prix s'adapte au rétrécissement de la forme : un peu moins de huit euros pour ce premier album au format comics et à la couverture souple.


Lucha libre, c'est donc l'une des très bonnes surprises de la rentrée. Ceux qui ont déjà eu le loisir de profiter de l'humour corrosif de Jerry Frissen adoreront à coup sur cette nouvelle série. Le rythme de publication se veut élevé, le second numéro est prévu pour novembre !