Les femmes
Bande Dessinée / Critique - écrit par Maixent, le 07/08/2011 (Tags : femmes egalite hommes emploi travail pays femme
Superbe livre d'images mettant en valeur le travail et les évolutions d'une référence incontournable de la bande dessinée.
Il y avait déjà eu un ouvrage publié en 1995 par Albin Michel intitulé Les femmes de Liberatore présentant des figures féminines diverses et sensuelles, accompagnées d’extraits du poème le Domaine de la Chair de Bebo Moroni. Cependant il faut croire qu’une quinzaine d’années plus tard, l’auteur a rencontré
Extase de la souffranced’autres femmes, au moins dans son imaginaire, ce qui nécessite la parution d’un ouvrage enrichi sur le même thème, et cette fois-ci, sans aucun texte.
Tous les dessins ne sont pas des nouveautés et on en retrouve pour la plupart qui étaient déjà présents dans l’album de 1995. Cependant, avec le temps, les diverses techniques employées par l’artiste, déjà riches, se sont encore développées, présentant un panel varié capable de séduire aussi bien les amateurs classiques que les plus jeunes. Dans le premier opus, on retrouve les techniques mixtes qui ont fait le succès de Liberatore. De nombreux crayonnés ou des esquisses mais aussi des travaux plus aboutis proches de l’art urbain d’Ernest Pignon-Ernest, mêlant l’arrière-plan au personnage qui se fond dans le décor ou encore un traitement rappelant celui de Bilal qui utilise aussi des matériaux mixtes comme la gouache, l’acrylique ou le pastel.
À de rares exceptions près, on y voit surtout des portraits de femme plutôt softs dans des poses assez classiques, un ouvrage empreint de sensualité plutôt que
Extase culinairede pornographie. À l’inverse, le nouvel opus est plus dérangeant. Même si on
retrouve la plupart des illustrations du premier album, ce sont les plus hard qui ont été choisies et celles qui ont été rajoutées sont sans équivoque. On est plus proche des illustrations des Onze Mille Verges avec un goût réel pour le fétichisme, la violence et la souffrance de la chair. Ces dessins sont dans l’ensemble plus martyrisés, sans souci de plaire mais plutôt utilisées pour expurger des forces intérieures et insistant sur la douleur et le plaisir.
On notera aussi quelques dessins réalisés à l’ordinateur, un petit peu moins intéressants car manquant de reliefs, ainsi que l’utilisation d’un noir et blanc contrasté dans le style de Frank Miller.
L’album offre un panel de techniques variées qui ont pour effet de mettre en avant le côté inventif d’un artiste en perpétuelle construction de son art et si certains dessins plaisent plus que d’autre, il faut surtout y voir une affaire de goût. Une certitude, c’est le véritable talent de Liberatore qui maîtrise parfaitement son sujet, les femmes, ainsi que son dessin.