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7/10Les carnets secrets d'Erich Von Götha

/ Critique - écrit par Maixent, le 20/03/2016
Notre verdict : 7/10 - The city of Götha (Fiche technique)

Tags : von gotha erich eur carnets secrets janice

Une anthologie riche en inédits et un travail de recherche remarquable.

EvG est un incontournable, sévissant depuis les années 70 dans l’illustration et la bande dessinée érotique. Avec un style reconnaissable au premier coup d’œil qu’il a su faire évoluer au fil du développement des techniques, il a su créer un univers qui lui est propre dans lequel ses héroïnes se croisent et s’entrecroisent et où lui-même apparait sous les traits d’un alter égo chauve et arborant un monocle.


Version censurée

 

Comme toute anthologie, il est intéressant de noter l’évolution de l’artiste, d’abord professeur et publicitaire, puis pornographe reconnu. Et surtout l’évolution de son dessin. Si dans un premier temps ce sont les illustrations qui prédominent, dans le genre des pinups d’Aslan, on se tourne bien vite vers une sexualité plus extravertie et un trait plus nerveux qui lui correspond mieux. On notera l’importance donnée aux fluides et aux zébrures du fouet dans les œuvres plus récentes, avec un effet particulier rendu grâce à l’informatique et qui est maintenant la patte d’EvG.

Le plus gros reproche que l’on puisse faire à Bernard Joubert c’est l’absence de recul par rapport au sujet. Usant de son style léger et badin habituel, il perd un peu le lecteur. On a parfois l’impression qu’il s’adresse à lui  comme à un ami au détour d’une conversation de bistrot, ce qui dénature un peu le sujet pour quelqu’un découvrant l’auteur. Malgré une documentation extrêmement riche et précise, on se retrouve donc noyé sous des considérations amicales ou des problèmes inhérents aux métiers d’éditeur ou d’auteur qui pour le néophyte restent très abstraits. On navigue entre anecdotes gentillettes et réalités du métier mais on ne perçoit pas vraiment le travail d’historien qui pourtant a été fait. En témoignent  la qualité de la recherche iconographique et de la bibliographie.
Version non censurée

 

Les carnets secrets n’en restent pas moins une source rare et précieuse qui permettent de mieux appréhender l’évolution d’un auteur, mais aussi d’une époque. Joubert, spécialiste de la censure met en avant l’évolution des mœurs, et les différences culturelles. Les lecteurs anglais ont ainsi dû pendant longtemps se contenter de sexes masculins pendants, ce qui était plus convenable, tandis que l’on se dirige de plus en plus vers un dessin plus franc et sans tabous allant dans le sens de la société utopique décrite dans Twenty.

Il est de ces auteurs dont le parcours est aussi riche que l’œuvre, symboles d’une époque qu’ils ont traversé et dont ils témoignent à leur façon. EvG s’est beaucoup inspiré de Sade dans son œuvre et peut être en est-il un  héritier dans le sens où il fût incompris dans son pays en son temps mais restera sans doute une référence pour les générations à venir. Un ouvrage qui mérite son titre de référence dès sa sortie.