ATTENTION : CONTENU RESERVE A UN PUBLIC AVERTI

Les images et textes à caractère érotique, pornographique ou violent contenus dans cette page peuvent choquer certaines sensibilités. En consultant cette page, vous attestez être majeur au regard de la loi française et vous prenez vos responsabilités par rapport à son contenu.

CONSULTER QUITTER

9/10Les Bêtes de Black City - tome 2 - Le poids des chaînes

/ Critique - écrit par Maixent, le 27/04/2013
Notre verdict : 9/10 - La Bonne, la Brute et la Truande (Fiche technique)

Tags : tome prix poids black city manga betes

Les Anges de Black City sont toujours en quête de vengeance. Ils étaient quatre à les violer, les mutiler à vie, les réduire à n’être plus rien que des entités de haine ne vivant plus que pour les voir souffrir. Enna, la rousse incendiaire devenue borgne avait déjà retrouvé ses bourreaux dans le premier tome. C’est maintenant au  tour de la discrète Eloïse - qui avait eu les cordes vocales tranchées après avoir subi les assauts répétés de Long John, une longue sodomie avec du whisky en guise de lubrifiant  - de retrouver son agresseur.

Le deuxième tome reprend exactement les mêmes caractéristiques que
Bienvenue dans un nouvel enfer
le précédent. Un récit  édicté par la troisième fille, l’élégante Jodie, qui se veut le narrateur de l’histoire et ponctue l’album de remarques personnelles, témoin actif d’une vengeance orchestrée. Des équivalences notamment  au niveau du dessin avec toujours ces traits durs, comme tracés au cutter, qui incisent la feuille sans concession. Toujours le même ton également, brut, sans concessions. Un Far-West rude, repère de vautours et de bandits crasseux sans aucune morale, où les faux prêcheurs ont plus de poids que le bon sens, où l’argent corrupteur ne sert qu’à assouvir les bas instincts d’hommes sans foi ni loi.

On continue donc à suivre nos trois héroïnes sur la route avec une longue parenthèse, l’histoire de Long John. Ce flash-back, au lieu d’entraver le
Une éducation catholique stricte
récit comme c’est souvent le cas, permet de mieux cerner la psychologie du personnage, et à travers lui, celle d’une époque. Une enfance maltraitée, une inculture crasse, une religion dénaturée, une violence banalisée, autant de raisons qui poussent Long John à se détourner de ses congénères pour n’espérer plus qu’une chose, la mort. La pire vengeance d’Eloïse sera donc de le laisser en vie. Le récit se conclut sur l’arrivée dans la ville de Chastity, tenue par l’immonde Chadwick, celui par qui tout a commencé, châtré en mal de pouvoir de domination sur les femmes. Capturées et livrées à une garnison d’hommes en rut, il s’agit sans doute de leur dernière humiliation avant de mettre un terme à leur vendetta personnelle.

Cet album comme le premier est d’une redoutable efficacité. La souffrance du trio est palpable et le lecteur est happé par cette haine
La réalité des Tuniques Bleues
farouche qui s’est emparée d’elles. D’autant plus que les auteurs ont su mener l’action avec brio, nous embarquant toujours plus loin dans l’inhumanité. On sentirait presque les relents de whisky frelaté s’échappant des bouches édentées. Sans avoir recours à un dessin hyper réaliste, ce sont surtout les émotions qui passent, un mélange d’excitation et de dégoût. D’autant plus que les scènes de sexe très crues et violentes provoquent une excitation palpable chez le lecteur. C’est une parfaite illustration de ce que les américains nomment le « Rough sex », littéralement le sexe rugueux, soit une fascination de la violence, des gestes saccadés et sans retenue qui confinent à la maltraitance. L’album réussit à convoquer ce fantasme fréquent tout en rappelant qu’une sexualité non consentie est le pire des traitements imaginables.

Au final, ce deuxième tome est dans la parfaite continuité du premier. S’arrêtant sur une situation qui semble inextricable pour nos héroïnes, il laisse le lecteur sur sa fin, contraint d’attendre l’affrontement final avec Chadwick, l’incarnation du mal absolu.