8.5/10Kosmo : Bridget

/ Critique - écrit par riffhifi, le 05/10/2008
Notre verdict : 8.5/10 - Bridget fondue (Fiche technique)

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Nikola Witko envoie trois couples dans l'espace pour établir le contact avec une lointaine civilisation. Un space opera... space, qui renvoie aux classiques cinématographiques en gardant une personnalité propre.

Nikola Witko, qui œuvre régulièrement sur la série Lucha Libre des Humanos, est également l'auteur du Gros lot paru l'an dernier chez Carabas. Ce n'est pas une raison pour oublier qu'il y a trois ans, il livra chez ce même Carabas un récit de SF détonnant et disjoncté appelé Kosmo (sous-titré Bridget). La réédition proposée cette année est étoffée d'une dizaine de pages de bonus (pas des photos ou des photocopies d'additions collectées à la brasserie par l'auteur, non non, des vraies pages de bande dessinée supplémentaires qui complètent l'histoire principale !).
C'est l'occasion ou jamais de plonger dans l'espace, là où la main de l'homme n'a jamais posé le pied.

Suite à la découverte de l'existence d'une forme de vie extraterrestre, loin, très loin, le président des USA Will Smith envoie solennellement trois couples à bord de la navette Bridget (de son vrai nom Spacebridge one). Mais ça, c'était il y a dix-huit ans... Ou plutôt non, il y a quinze jours, avant que l'ambiance ne commence à se dégrader à cause des conflits de caractères et les tensions sexuelles, avant que les membres de l'équipage ne se mettent à mourir...

Ce type d'histoire de voyage spatial à la recherche de l'Autre, on en a surtout rencontre au cinéma. Ce n'est pas tant à 2001 que fait penser Kosmo, qu'à ces deux autres chefs-d'œuvre que sont Solaris et le plus récent Sunshine. Quand on dit Solaris, on parle de celui de Tarkovski, pas le remake hollywoodien avec George Clooney, bien que celui-ci ne soit pas totalement dépourvu de qualités. Dans la bande dessinée de Witko comme dans ces deux films, quelques humains se retrouvent confinés dans leur lopin d'espace, confrontés à l'immensité de l'univers, oppressés par leur petitesse et leur mesquinerie, obligés de se tourner vers une alternative extrême : le mysticisme, la Kosmo pilotes
Kosmo pilotes
frénésie sexuelle, la folie et les amis imaginaires... Ils finissent naturellement par se mettre sur la tronche, et le nombre d'individus va décroissant pour différentes raisons. Si Witko maîtrise à merveille le récit proprement dit, il le fait avec sa fantaisie habituelle et son humour décalé, qui explose notamment dans une fin excellente et une poignée de bonus jubilatoires. Capable de partir quasiment en trip psychédélique, le scénariste-dessinateur ne perd jamais le fil de son histoire, avançant sur le fil du rasoir entre humour zinzin et récit rondement mené.

Glauque mais colorée, burlesque et captivante, la bande dessinée de Nikola Witko méritait bien une réédition. Dommage que les albums de Carabas n'aient pas une meilleure exposition, trop de lecteurs passeront à côté de ce plaisir.