6/10Karl et Klee - Tome 1 - Amis Ennemis

/ Critique - écrit , le 25/06/2007
Notre verdict : 6/10 - Gentils méchants (Fiche technique)

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Un western animalier qui doit faire ses preuves.

Dans un West far far lointain, deux amis traversent les cayons sauvages, une carte comme unique boussole et l’espoir d’atteindre une mine d’or. Klee, petit renard Joedaltonisé et Karl, gros nounours dont la sensibilité équivaut à son gabarit se font attaquer par Blackbart. Un coq hors la loi relevant de ruse pour obtenir son butin. Arrivé dans une petite ville paumée dans le désert américain, le tandem va porter plainte chez le shérif avant d’intervenir dans une altercation opposant un fermier et une directrice d’un saloon. Commence alors le début des magouilles, où l’image raffinée des amitiés dissimule la plu vulgaire des trahisons.

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Klee, blasé par l'évidence
Tel est ce que nous pourrions en effet retenir de ce premier opus. Derrière ces couleurs enchantés et au design cartoonnesques, le scénariste a désiré  recréer une véritable ambiance digne des westerns spaghetti. Cependant, ses nombreuses maladresses ramènent plutôt son initiative vers Feivel au Far West. L’intrigue peu encline encore à révéler des morceaux de suspens arrachant notre curiosité, le lecteur se réfère alors à la personnalité des personnages. Mais là encore, l’instabilité persiste. La gentillesse et la naïveté de Karl décrédibilise le personnage. Personnage manquant de confiance en lui-même Karl suit l’esprit meneur de Klee. Mais alors que le début de l’histoire semble présenter les deux protagonistes comme des amis de longue date, Karl se moue en une sorte de larbin, incapable de réfléchir par lui-même et facile à berner. Le tempérament de Klee inverse la tendance est se veut plus intéressant à découvrir. Silvio Speca réussi mieux à imaginer le rôle des sadiques mais la transformation des personnalités apparaît pourtant trop brutale. Face à cette constattaion, reste alors l’histoire en elle-même. Nous ne sortons pas des sentiers battus du western. Mine d’or, des étrangers « pas de chez nous », des femmes venant troubler les enjeux masculins. Rien de bien nouveau dans cette version bd. Même si la narration peut se suivre aisément, l’auteur devra prendre plus d’aisance sur la psychologie des personnages. En attendant, Speca compte bien compenser ses difficultés par le domaine où il excelle, celui du dessin.

Une belle décomposition du mouvement
Une belle décomposition
du mouvement
En effet, même si Karl et Klee s’annonce comme une épopée dont le désert narratif risque d’être tourmenté par de nombreux mirages, nous trouverons bien un oasis graphique. Très propice à valoriser le volume et les perspectives, Speca réussi à créer un style très vivant et proche du dessin animé. Les références par rapport à cette dernière impression sont multiples : un bestiaire humain, ni trop bon, ni trop mauvais, où même les montures feignent de montrer des expressions de mécontentement et de joie. Très soucieux de travail manuel, l’homme colorise lui-même ses planches à l’aquarelle. Le résultat est ainsi très agréable à observer. Nous sommes plus impressionnés par sa maîtrise des plans et des perspectives que sur le design des personnages eux-mêmes. Karl et Klee n’est pas un western révolutionnaire. Son scénario manque de consistance mais nous pouvons peut-être espérer de la part de Speca une amélioration sur ce point. Le récit est pourtant abordable pour les plus jeunes, et seront au moins ensorcelé par le dessin. Le prochain tome nous donnera une meilleure idée du chemin qu’aura emprunté Speca concernant la suite de ses aventures.