6/10Jeunesse de France : Sylvain et Laurent s'éclatent

/ Critique - écrit par iscarioth, le 21/01/2006
Notre verdict : 6/10 - « Nique ta mère » « J'peux pas. C'est la tienne » (Fiche technique)

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Jeunesse de France est une BD plutôt agréable à parcourir, notamment grâce à un dessin novateur et très lisible. Mais la teneur des gags n'est pas extraordinaire et leur pertinence tant décriée vis-à-vis du quotidien des banlieues est quasi-inexistante.

Le magazine Fluide Glacial a, durant toutes ses années d'existence, lancé bien des dessinateurs-humoristes prometteurs. On a par exemple vu ces dernières années émerger Relom, le père d'Andy et Gina, qui s'est imposé comme un grand champion de l'humour noir. La dernière pépite dénichée par Fluide, selon son ex rédacteur en chef Albert Algoud, c'est Lindingre. Deux mois après la révolte des banlieues arrive en librairie Jeunesse de France, une BD se voulant aussi déjantée que révélatrice sur la réalité des jeunes de quartier d'aujourd'hui. « Atteindre une telle pertinence dans le grotesque, ce n'est pas donné à tout le monde » écrit monsieur Algoud en quatrième de couverture. En commençant à lire Jeunesse de France, on constate en effet que l'album est en plein dans le malaise : des jeunes de banlieue suivent une formation sans convictions mais par peur qu'on leur coupe le RMI. Evidemment, les tours de béton et le parler « racaille » sont au rendez vous : « M'dame ! faites pas votre salope ! ».

Quelques pages plus tard, on constate que c'est moins la vie de banlieue que celle de deux jeunes blaireaux qui nous est contée. Incorrigibles glandeurs, Sylvain et Laurent sont de grands tarés, avec des passions comme le casse-brique, le kung fu et la drague. L'histoire qui nous est contée est celle de deux frères très trash et il serait bien excessif de dire qu'elle reflète ou illustre une quelconque actualité, un quelconque quotidien. Pour ce qui est de la teneur des gags, l'humour de Lindingre en surprendra plus d'un dans sa construction, les histoires se finissant souvent en queue de poisson, sans aucune chute véritable. Toujours en quatrième de couverture, Albert Algoud place Lindingre dans la lignée de Dubout, Reiser et Vuillemin. D'accord, Lindingre fait dans le trash, mais il est loin de soulever avec ses gags autant de verve critique et de pertinence vis-à-vis de notre société que les auteurs sus-cités.

Côté dessin, Lindingre a un style reconnaissable entre tous. Il s'agit en quelque sorte d'une ligne claire poussée jusqu'à ses derniers retranchements. Des traits noirs épais et réguliers pour les contours et une coloration sans variation pour les intérieurs. Les visages sont constitués de quelques formes : une espèce de poire pour les visages, de simples ronds pour les yeux, le nez et la bouche.


Jeunesse de France
est une BD plutôt agréable à parcourir, notamment grâce à un dessin novateur et très lisible. Mais la teneur des gags n'est pas extraordinaire et leur pertinence tant décriée vis-à-vis du quotidien des banlieues est quasi-inexistante.