7/10Héloïse de Montfort - Tome 2 - Le pont du diable

/ Critique - écrit par athanagor, le 18/09/2010
Notre verdict : 7/10 - Un pont trop long (Fiche technique)

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Installant une héroïne atypique et plutôt bien roulée pour l'époque, les auteurs de cette série montrent une réelle capacité d'attraction, par la mise en scène d'une légende familière.

Héloïse de Montfort, jeune femme indépendante et plutôt balèze avec son arc, parcourt l'Europe du moyen-âge, au gré des contrats les plus juteux, pour se mettre sur la tronche avec... bah, avec ce qu'on lui dit en fait ! Du moment qu'on la paie. Donc en gros, c'est une mercenaire. Ici, comme les auteurs ne trouvaient pas très intéressant de nous raconter son précédent contrat, où elle devait
planter une flèche dans le genou du vieux Galin, qui avait empoisonné les poules du Bertrand, contre une soupe chaude et une place dans l'écurie (il n'y a pas de sot métier), ils se concentrent sur son office suivant. Dans la bonne ville de Borgo a Mozzano, province de Lucca, M. Grassi, le notable du village, demande à Héloïse et ses compagnons de débarrasser le village et ses bonnes gens d'un monstrueux chien de l'enfer qui rôde, tue, terrorise et fait ses besoins n'importe où. La bête n'apparaissant qu'à certains cycles de la lune, Héloïse en profite pour mener son enquête et prendre des pauses suggestives.

L'élément immédiatement notable dans cette BD, c'est le dessin un peu vieillot d'Alfonso Font, qui fait un peu penser à la patte d'Alexis. Et le plus amusant dans ce trait, c'est que paradoxalement, il est assez rafraîchissant, habitué qu'on est aujourd'hui à assister à des concours de photoréalisme. Du coup, on a beau noté un nombre incalculable d'éléments pas très carrés, on accepte de se laisser porter malgré tout. D'autant que l'histoire est assez intéressante.

Dans cette mise en scène d'une sorte de super Maïtena Biraben du moyen-âge, championne de tir à l'arc, qui se fritte avec des bandits de grands chemins aux gencives fatiguées, ou avec des forces démoniaques plutôt remontées, on est assez vite entraîné. Bien sûr, ce personnage brut et sexy y est pour beaucoup. Mais on est aussi séduit par le fait que, dans ce contexte particulier, la plupart des gens qu'elle croise sont moins surpris de voir le diable se curer le nez dans une église que de voir une femme seule, utilisant un arc.

Bref, ce fabliau de 56 pages, reprenant une histoire assez connue, reste un divertissement d'assez bonne facture, dont certains fils sont un peu moins bien tressés que d'autres, mais qui réussit à surprendre par son dénouement, car assumant complètement son aspect fantastique, là où son développement n'y allait qu'à reculons.