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2/10Gulliveriana

/ Critique - écrit par Maixent, le 29/03/2008
Notre verdict : 2/10 - Voyages ordinaires (Fiche technique)

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Il est de bon ton, lors d’une parodie, de féminiser ou de jouer sur les sonorités du titre original afin de donner un caractère à la fois ironique et plus sensuel. Il y en a à foison, l’on peut citer à titre d’exemple dans différentes catégories :

  • Pinocchia de Gibrat et Leroi, quand Pinocchia ment, ses seins gonflent
  • Les visiteuses, chef-d’œuvre du film pornographique français à gros budget où l’on voit Tabatha Cash dans son dernier rôle
  • Harry Peloteur et la braguette magique aux éditions Blanche, pour ce qui est de la littérature.

Manara n’échappe pas à la règle : considéré comme l’un des pontes de la bande dessinée érotique depuis Le Déclic, Les aventures de Giuseppe Bergman ou encore Le parfum de l’invisible, il propose en 1996 une version érotique du Gulliver de Jonathan Swift.

L’histoire est sensiblement la même, Manara reprenant les idées principales des chapitres des Voyages de Gulliver, les édulcorant de leur côté provocateur, pamphlétaire et philosophique mais en y incorporant ça et là une touche de sexualité. En ressort un récit fade dont le seul intérêt réside en de grandes planches A4 de Gulliveriana vêtue d’un Union Jack en lambeau qui décoreront agréablement votre chambre si vous avez treize ans. De l'utilité de l'Union Jack en cas de naufrage
De l'utilité de
l'Union Jack en cas
de naufrage

Gulliveriana est une jeune fille, très belle, typique du dessin de Manara. C’est-à-dire grande, les jambes fines, les cheveux longs et bouclés, la peau très blanche, les yeux verts en amande et la bouche pulpeuse. A l’abri dans une crique déserte, elle décide évidemment dès la troisième page de retirer son maillot afin de profiter des rayons du soleil sur son matelas pneumatique qui l’entraîne malgré elle sur une machine à voyager dans une autre dimension, soit un bateau du XVIIIe siècle.

Comme son homologue masculin qui l’a précédée il y a de cela deux siècles, elle ne se réveille qu’après une forte tempête, ligotée par des être minuscules. Dès lors, le récit suit parfaitement l’ouvrage original, mais Manara saisit chaque prétexte pour dévoiler un peu plus la jeune fille ou pour lui faire adopter des positions scabreuses. Certes Gulliver en son temps avait lui aussi pissé sur la reine des liliputiens pour éteindre un feu, mais Gulliveriana emploie, pour ce faire, des positions dignes d’un contorsionniste, offrant au lecteur un gros plan sur son sexe ruisselant.

Contrainte de s’enfuir, elle se retrouve sous l’emprise de géants, respectant toujours la chronologie de Swift. Géants lubriques, bien entendu, qui la font boire plus que de raison avant d’écarter ses menues petites cuisses face au lecteur.
Après moultes mésaventures, elle se retrouve au pays des Houyhnhnms. Il s’agit d’un passage moins connu des voyages de Gulliver mais sans doute l’un des plus critiques. Les Houyhnhnms sont des chevaux beaux et intelligents qui brillent par leur sagesse, vivant malgré eux au contact des Yahoos, animaux répugnants et stupides qui sont en fait des humains, prétexte pour l’auteur à des questionnements philosophiques quant à l’animalité de l’Homme. Ici, point de réflexion, le cheval ne cherchant qu’à profiter des attraits de la belle, usant pour ce faire d’un vocabulaire de film porno.

Une blonde et un cheval
Une blonde et un cheval
Enfin, elle parvient à l’Ile volante de Lagado où les savants, absorbés par leurs éminents travaux délaissent leurs femmes, ce qui conduit ces dernières à des débordements saphiques sado-masochistes sans aucune retenue, ce que ferait toute femme dans cette situation, comme chacun sait.


Un livre creux donc, avec de belles images mais sans l’inventivité que l’on pourrait attendre de Manara. Qui plus est, ce n’est même pas drôle. Aucune pensée n’en ressort autre qu’esthétique ce qui est bien dommage vu le matériau de base qui reste l’un des romans philosophiques et ironiques les plus complets, au même titre que Candide.