8.5/10Gil Jourdan - Tomes 13 à 16

/ Critique - écrit par plienard, le 26/12/2010
Notre verdict : 8.5/10 - Un bijou Jourdan pour les fêtes (Fiche technique)

Tags : gil jourdan tome tillieux eur dupuis album

Quand Maurice Tillieux raconte des histoires fantastiques, c'est avec sérieux et crédibilité, mais aussi avec un peu d'humour. Et Gos vient lui prêter main-forte pour les quatre derniers albums.

Quatrième et dernière intégrale consacrée à Gil Jourdan, celle-ci renferme les quatre dernières aventures du détective privé. Et la série se termine, non pas par la mort de son héros, mais par la fin tragique de son génial scénariste Maurice Tillieux en février 1978, suite à un accident de voiture. A l'époque, les fans sont d'autant plus tristes que l'auteur, après six ans d'interruption de la série, venait de démarrer Entre deux eaux et avait envisagé un nouvel épisode.

Couverture de l'intégrale
Couverture de l'intégrale
Cette intégrale est aussi l'occasion de découvrir l'incroyable importance de Maurice Tillieux chez Dupuis. Il était devenu LE Monsieur Scénario. En effet, le début des années 70 est une période où le rôle des scénaristes de bande dessinée va se révéler à ses éditeurs. Rôle ingrat et non reconnu avant (ce sont les dessinateurs qui payaient leur scénariste selon leur bon vouloir à l'époque), les éditions Dupuis voient partir leurs scénaristes un à un. On demande alors à Maurice Tillieux de pourvoir au manque et le voilà à la tête de séries comme Gil Jourdan, Tif et Tondu, Jess Long... Il devient donc évident pour lui qu'il ne pourra plus dessiner et notamment Gil ! Il va alors trouver en Gos, le dessinateur qu'il a besoin. Celui-ci officie déjà sur
les Schtroumpfs, Benoit Brisefer et est le papa de Khéna et le Scrameustache.

1ère histoire : Carats en vrac


Gil Jourdan et Libellule rentrent tranquillement de week-end sur Paris. Bloqués par un passage à niveau, un train passe devant eux. A l'intérieur, deux hommes en poursuivent un troisième. Ce dernier saute alors du train, leur faisant croire qu'il s'est caché dans les toilettes. Et avant qu'ils ne s'aperçoivent du subterfuge, l'homme est déjà parti en compagnie de nos deux héros. Une poursuite va alors démarrer qui va provoquer un mort et emmener Gil et Libellule sur les traces de voleurs de diamants.

2ème histoire : Gil Jourdan et les fantômes

Un homme témoigne au commissariat qu'il a vu son frère alors qu'il est censé être mort et enterré. Si la police locale ne tient pas compte de ce témoignage, cela intrigue Gil qui cherche à en savoir plus. Et le mystère s'épaissit quand ledit frère est retrouvé vivant, mais n'ayant plus aucuns souvenirs des derniers événements. Pendant ce temps, Libellule a lui aussi disparu.

On s'amusera des remarques faites par Libellule sur les scénaristes à la fin de cette histoire. C'est une preuve de l'autodérision de son auteur et peut-être aussi une façon de dire qu'il n'était pas totalement satisfait de son album.

3ème histoire : Sur la piste d'un 33 tours

Libellule a un grand cœur. Malgré sa répulsion quasi maladive pour la chanson de Greta Love, Mon flic et moi, il part chez le disquaire pour l'acheter et l'offrir à Crouton pour son anniversaire. En sortant du magasin, le bougre ne prend pas garde et se fait renverser par un vélo. Le cycliste, par le plus grand des hasards, avait le même disque. Un échange malencontreux se fait alors quand tout le monde se relève. S'apercevant plus tard de la substitution, le cycliste et ses acolytes patibulaires vont chercher à récupérer leur disque.

4ème histoire : Entre deux eaux

Gil est appelé par monsieur Lecanut pour un vol étrange. Le monsieur collectionne les engins de guerre : du char d'assaut au sous-marin. L'unique exemplaire de sous-marins de poche qu'il possède vient de lui être volé. Gil démarre donc son enquête suite au peu d'indice qu'il trouve sur la scène de crime : un poteau abîmé par, semble-t-il, une grue jaune. Mais qui peut bien voler un sous-marin ?

I
l est toujours étonnant de voir un auteur (dessinateur) reprendre le personnage d'un autre. Si certains marquent leur différence (Spirou), ici ce n'est pas le cas. Les conditions ne sont pas les mêmes. Gos travaille avec le papa de la série et on comprend que celui-ci ait des idées bien précises. En tout cas, Gos y arrive admirablement bien. Ainsi, au niveau dessin, il n'y a pas eu de rupture.

Concernant les scénarii, si dans les albums précédents, on avait pu craindre une baisse de régime, on retrouve ici certains traits qui ont fait la force de cette série. Tout d'abord, les calembours de Libellule (en pallier et empaillée, « les scénarios de Molière ça marche toujours, la preuve les chaussures Molières »). Ensuite, raconter des choses impossibles tout en les rendant crédibles : la course de voiture sur les toits de Paris est tout bonnement extraordinaire ; le vol d'un sous-marin paraît incroyable et pourtant on est intrigué et on veut comprendre. De même, concernant les fantômes, vous savez que c'est impossible et pourtant, sous couvert d'explications pseudo-scientifiques, vous acquiescez. C'était une des grandes forces de cette série et une volonté de Maurice Tillieux. On retrouvait humour, crédibilité et sérieux en la personne de Gil. Gil est son côté professionnel, Libellule le voleur comique, Crouton au look de Dupond(t), Queue de Cerise la secrétaire incisive, les quatre personnages sont maintenant immortalisés par les quatre magnifiques intégrales de Dupuis. C'est un classique à connaître.