7/10Gene Vincent : Une légende du rock'n'roll

/ Critique - écrit par riffhifi, le 17/10/2007
Notre verdict : 7/10 - Gene tonique ou Vincent gland ? (Fiche technique)

Tags : rock gene vincent roll blue bop eur

Plus un portrait en demi-teintes qu'une biographie, mais cette rencontre avec l'homme discret derrière sa légende vaut bien un petit détour.

Le rock'n'roll, c'est Chuck Berry, Elvis Presley, Bill Haley et ses Comètes... C'est aussi Gene Vincent, dit ‘le félin', auteur notamment du fameux Be Bop a Lula. A travers cet album, c'est sa vie que Rodolphe et Van Linthout ont voulu évoquer. Pas retracer, évoquer.

Eugene Vincent Craddock (quel nom !) se met à gratouiller une guitare dès son enfance, mais ne prend goût à la musique qu'après un accident de moto, qui lui rappelle que son cœur bat pour le rock'n'roll... Une musique émergente dans les années 50, et pas la moins controversée. Mais celui qui se fait désormais appeler ‘Gene Vincent' n'est pas un rebelle nihiliste, c'est un homme perdu qui se laisse promener de concert en concert. Malgré son surnom, le félin n'a pas même l'énergie d'un chat d'appartement.


Le parti-pris de l'album, qui peut dérouter le lecteur non averti, est de s'attacher plus à la personnalité de Gene Vincent qu'à sa carrière de chanteur. Les auteurs s'en excusent eux-mêmes dans un laïus de trois pages à la fin de l'album, citant les « cent et unes raisons de ne pas aimer ce livre ». Il n'est pas question ici de retracer les évènements marquants du parcours de la rock star morte à 36 ans, ni même de décrire par le menu ses relations avec les deux femmes successives de sa vie. Simplement de montrer que la plus adulée des vedettes n'est jamais qu'un homme, qu'il n'a parfois pas d'autre ambition que de pousser la chansonnette et que dans le fond de son cœur, il ne sait pas trop ce qui le pousse à fouler le sol de cette planète.

Ce récit, assez mélancolique finalement, est agréablement servi par le dessin de Georges Van Linthout, qui utilise une technique de peinture sur crayonnés apparentée à celle de Boucq et parvient à capter les expressions et les ambiances avec un talent certain. Alternant les cases horizontales et verticales sans discrimination, il reconstitue avec le maximum de soin les concerts qu'a pu donner le chanteur, bien que quelques notes tracées sur un papier ne puissent évidemment pas remplacer l'écoute d'un morceau. Faut-il pour autant accompagner sa lecture d'un disque de Gene Vincent ? Pas sûr, le ton général étant plus au blues qu'au rock. Mais l'intérêt de l'évocation réside justement dans ce paradoxe...

Plus un portrait en demi-teintes qu'une biographie donc, mais cette rencontre avec l'homme discret derrière sa légende vaut bien un petit détour.