8/10Le Fond du Bocal - Tome 5

/ Critique - écrit par athanagor, le 26/11/2009
Notre verdict : 8/10 - Poisson break (Fiche technique)

Poupon revient pour une dernière fois avec un album de sketches entièrement écrits pour l'occasion, et on retrouve le talent du premier tome, intact.

Nicolas Poupon revient avec un 5ème et, normalement, dernier album de la série des élucubrations sphériques de ses petits personnages tout rouges. Et il ne s'agit de toute évidence pas ici d'un album reprenant avec quelques efforts supplémentaires sur l'illustration, des parutions antérieures dans divers périodiques aléatoires, mais bien de sketches écrits pour l'occasion de cette 5ème parution.

Replaçant les guest stars de la saga, réutilisant les héros récurrents des quatre premiers tomes, en inventant de nouveau, Poupon reprend un poil de la bête
jouissif. Se plaçant bien souvent comme toile de fond de ses sketches, lui l'auteur qui force ces affables créatures à s'exprimer sur des sujets qui ne les concernent généralement pas (sauf quand il s'agit du chat), il insiste, ou plutôt fait insister ses personnages, sur le fait qu'il ne s'agit que d'une BD qui est parvenue, assez mystérieusement d'ailleurs, jusqu'à un 5ème tome. Les poissons passent ainsi une grande partie de la première moitié de l'album à se demander comment il peut bien se faire que des gens continuent à les lire, alors qu'il est évident que leur créateur est limité intellectuellement. Puis d'autres indices viendront appuyer, jusqu'à la certitude, l'impression de nouveauté des productions, comme ce tatouage en forme de bocal, sur le dos d'un poisson, dans la série Dans l'enfer de bocalcatraz.

Ce cadre placé, et certain qu'il s'agit d'un travail récent, élaboré pour ce format en recueil, on ne peut que se réjouir du repos qu'a pris l'auteur. Fini la lente descente d'inspiration vers laquelle semblait inexorablement sombrer l'auteur, usé par tant de répétition et de réutilisation d'un thème qui, l'ayant autrefois favorisé, ne le dirigeait plus que vers de médiocres résultats. Oui, nous avons pu, un temps, croire à l'épuisement de la veine comique, malgré la confiance aveugle que nous témoignions alors, mus principalement par cette foi qui empêche les enfants de voir que leurs pères (ces héros) ne sont que de vulgaires crétins, incapables de lire la notice du magnétoscope et ne sachant pas de mots plus poétiques que celui désignant la plus vieille profession du monde, pour commencer ou terminer leurs phrases. Oui, nous péchâmes par obstination, refusant de croire que le talent est une question de durée (sauf à partir du tome 74, pour certains personnages à veste blanche avec des p'tits point noirs pourris). Et grand bien nous prit. Ici, l'énergie, le comique, les effets de surprise et l'apparente facilité de Poupon à trouver des sujets donne l'impression de
redécouvrir la série, et comme pour le tome 1, chaque page garantit quasiment un éclat de rire. Le meilleur moment n'attendant pas la fin du recueil, on est cueilli assez vite par cet apothéose comique qu'est ce casting d'un canari par un poisson, en vue des prochains tomes de la saga. Le développement de ce passage sur six pages est un grand moment de n'importe quoi dont la montée en puissance vaut à elle seule pour toutes les pages restantes, qui pourtant ne déméritent pas.

Enfin, que dire de plus sinon que de signifier son respect à un auteur qui parvient sur 5 tomes de 64 pages à maintenir un réel intérêt et à trouver, toujours et encore, le petit plus qui fera rire, voire sourire. C'est le genou à terre que nous remercions ces gens-là, car ce travail est parmi les plus difficiles qui soient. Et nous demanderons alors pardon pour toutes les fois où, déçus dans nos attentes, nous fustigeâmes leurs efforts pour les qualifier de vains et stupides. Alors, donnons-nous la main et savourons.