Flatulences en cases

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"A chacun son pet sent bon"

On n’y avait pas pensé mais pourquoi pas ne pas parler du pet en bande dessinées et en faire un véritable sujet ? Abordant le thème de manière érudite et exhaustive bien que loufoque, Bernard Joubert livre ici comme à son habitude un vaste historique de la bande dessinée en général à travers le prisme d’une thématique a priori grivoise mais pas que.

Le pétomane

Il est évident qu’une anthologie telle que le Dictionnaire des livres et journaux interdits en 1216 pages du même auteur n’était pas nécessaire dans le cas présent. C’est pourquoi la centaine de pages de ce petit format est plus adaptée, rejoignant de fait les ouvrages d’humour légers, ce qui n’empêche pas le sérieux de la recherche documentaire et iconographique. De manière plutôt scolaire on aura droit ainsi à une dizaine de chapitres proposant des thèmes aussi variés que l’érotisme ou la jeunesse et balayant l’histoire contemporaine et la géographie mondiale. On ira ainsi de 1830 à nos jours en passant par les comics, les mangas ou la production européenne. D’ailleurs, en parlant de scolaire, Bernard Joubert apparaît lui-même dans l’ouvrage sous les traits d’un professeur émérite arborant nœud papillon et chevelure folle dans des poses exagérées évoquant la fougue liée à ce sujet décoiffant.
Manara

Inutile d’expliquer ici ce qu’est un pet, c’est un phénomène assez courant, et il ne sera surprenant pour personne de découvrir que ses premières représentations (comme beaucoup de suivantes) sont liées à un aspect comique. La première bande sur le sujet est donc un récit humoristique du suisse Rodolphe Töpffer. Et comme dit Joubert : « Premier album de bande dessinée au monde, premier pet et première censure ». S’en suivront de nombreuses histoires autour du pétomane, figure truculente qui eut son moment de gloire mais dont les spectacles live ne sont plus trop du goût du public au XXIe siècle. Entre ennemi de la bienséance et grivoiserie, le pet revient en force avec Gotlib et sa bande concernant la génération Echo des Savanes et Fluide Glacial pour ensuite se dissiper sans toutefois jamais disparaître. Joubert, après ce bref historique, choisira plutôt des thématiques pour développer son sujet. Certaines évidentes comme l’enfance avec des publications jeunesses humoristiques ou didactiques parfois pour mieux appréhender son corps et ses gaz. D’autres moins de prime abord comme le lien entre flatulence et érotisme.

Edika

Avec des extraits choisis de qualité puisant dans des archives obscures ou des albums plus grands publics et de tous horizons, l’auteur propose finalement une étude distrayante et sympathique. Aussi léger qu’un vent, l’ouvrage n’en reste pas moins de qualité et se lit sans se boucher le nez.