6/10Les femmes sont des hommes comme les autres

/ Critique - écrit par athanagor, le 25/10/2009
Notre verdict : 6/10 - Ce que Wolinski, les femmes le payent (Fiche technique)

La femme est le centre nerveux de l'homme, et c'est surtout vrai pour Wolinski, ce qu'il s'empresse de démontrer dans ce recueil d'illustrations de presse.

Dans ce recueil d'illustrations de presse, Wolinski met en scène nombre de situations scabreuses, parfois en fonction de l'actualité qu'il commente, parfois non. Toutes ces parutions ont pour point commun la femme, souvent dans des positions inavouables, mais à qui il prête cependant une vraie force de caractère, d'inspiration artistique et de prise de pouvoir légitime sur la société. La femme, c'est son objet à lui, d'inspiration, d'excitation, de fascination.

Il s'avère assez difficile de débouler dans la basse-cour et d'effrayer tout ce qui bouge avec des vitupérations vengeresses et immanquablement Tendresse
Tendresse
négatives quand il s'agit d'un ouvrage de Georges Wolinski, et c'est pire, quand il s'agit d'un recueil d'illustrations de presse. Géant officiel de la BD française d'un certain goût, il produit à tout va, à une allure comparable à celle d'une usine de retraitement de déchets, et ce depuis le milieu des années 60. Pourtant, quelle que soit la qualité de son genre littéraire, rares sont ceux qui ne se souviennent pas s'être poilé (et c'est le mot) devant une de ses œuvres. De plus, le bonhomme vient rarement nous brouter les rouleaux avec ses opinions qu'il souhaiterait universelles, drapé dans la sacro-sainte justification que son apport à la culture française lui confère. Il reste en effet assez discret et, n'étaient ses illustrations pour différentes revues, on aurait tendance à oublier ce pilier historique de parutions comme Hara-kiri, puis Charlie Hebdo, également porteuses d'un goût loin d'être à la hauteur de toutes les bourses, mais dont n'importe qui avec deux doigts de bon sens reconnaîtra l'importance dans le système médiatique français. Wolinski, c'est aussi le sujet qui pousse n'importe quel rédacteur sérieux à faire des allusions douteuses, comme le prouve la phrase précédente. Difficile donc de s'exclamer, entre deux bouffées de sa pipe, au coin du feu : « C'est d'la merde ! », ou « Tss, tss, tss, ... Pauvre Georges... ». Déjà, il faut une cheminée. Puis une pipe. Et au final, il faudrait que Wolinski fasse de la merde et qu'il soit pauvre. Quatre éléments difficilement conciliables.

Alors non, cet ouvrage n'est pas le best-of d'un humour glacé et sophistiqué qui fait rire essentiellement des épaules et, oui, les premiers clients de ce produit seront les inconditionnels du monsieur. Et re-non, en dehors de ce cas de figure, l'ouvrage n'aura pas beaucoup Détresse
Détresse
d'intérêt. Ceci dit, il convient d'insister sur le fait qu'il s'agit d'un recueil de dessins parus dans des revues aussi diverses que L'écho des savanes, Paris Match, Charlie Hebdo et le Journal Du Dimanche. Aussi éclectiques que puissent être ces lectorats, Wolinski a le talent de proposer à chacun quelque chose, ce dont ce genre de recueil souffre inévitablement en tant qu'objet unique. De plus, ces parutions, sous de régulières strates de cul rarement justifiées, sont des commentaires de l'actualité, exercice ô combien difficile de réactivité et d'adaptation (quand bien même il s'agirait d'exprimer sa propre pensée), compliqué par le maintien d'un style identifiable. On est donc régulièrement témoin d'une opposition entre le discours qui tente de situer l'actualité et l'avis de l'auteur, et une illustration très charnelle, parfois à la limite de la cohérence vu le contexte, qui reste sa marque de fabrique et est parfois ressenti comme un passage obligé.

Au milieu de ces difficultés, pourtant, affleurent quelques moments, plus rares et plus précieux, illustrant les sentiments de l'auteur avec une facilité et une évidence réconfortante. La femme étant la thématique du recueil, on sent alors poindre l'amour derrière toute cette brusquerie, qui n'apparaît plus que comme une maladroite défense, une tentative d'exorciser en le ridiculisant, ce qui le désarme. Puis les espoirs et les troubles de l'homme se font jour. L'espoir au travers des luttes politiques qui impliquent de plus en plus de femmes, et les troubles face à la violence de ce monde qui ne les épargne plus, comme en témoigne Pauvre chérie !

Un ouvrage à posséder donc quand on n'en a jamais marre de Wolinski, et à feuilleter distraitement quand on le trouve chez un copain ou dans la salle d'attente du dentiste (sur le ou laquelle on fantasmera alors inévitablement), pour s'apercevoir du spectre expressif et communicatif de l'auteur, et apprécier ces quelques moments de simple partage.