7/10Erzsebet

/ Critique - écrit par athanagor, le 18/11/2010
Notre verdict : 7/10 - Hongrie d'horreur (Fiche technique)

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Basé sur la légende d'une comtesse hongroise qui compte parmi les premiers serial-killers, cet ouvrage impressionne surtout par son dessin.

Curieux mais néanmoins intrigant sujet que la légende courant autour d'Erzsebet Bathory, comtesse hongroise du 16e siècle qui, devant les affres du temps, n'a su trouver d'autre solution que de prendre des bains de sang de vierges. Ce point posé, on imagine aisément que l'ambiance sera particulière, teintée de violence et de brutalité avec un soupçon de mysticisme. Et c'est bien en ce sens que les auteurs ont su travailler leur album, pour nous offrir une biographie aussi édifiante qu'effrayante.

Ce qui fait le réel intérêt de cet ouvrage, c'est le travail de Emre Orhun. Adoptant la technique de la carte à gratter, il parvient à donner une ambiance
toute particulière à l'ouvrage. En noir et blanc, selon une technique évoquant la gravure, Orhun donne d'emblée une substance historique au sujet. A ce procédé viendra s'ajouter ce style très particulier, rappelant parfois la peinture flamande, mais plus certainement les influences russes et les représentations slaves des contes et légendes populaires, qui donnèrent naissance aux dessins animés extrêmement typés de cette partie du monde. Il s'agit donc de l'illustrateur idéal pour cette histoire, réussissant par le seul fait de son trait à induire les données historiques et géographiques en présence. Mais cela n'est pas son seul fait d'arme. Malgré un trait relativement caricatural et grossier, il arrive tout de même à provoquer chez le lecteur des sentiments aussi forts que le dégoût, l'horreur et, de façon étonnante, l'excitation.

La narration quant à elle n'aura pas le même poids dans la balance de la réussite. Basée sur des faits dont la réalité historique est encore âprement discutée, Cédric Rassat a fait le choix de débiter les événements comme autant de mini-chapitres. L'impression est que chaque épisode de la vie et du vice de la comtesse tient sur une double page et laisse immédiatement sa place au suivant, et parfois dans un enchaînement lourdement saccadé. Il arrive même de se demander si on n'a pas raté une page, ou encore d'où ça sort ce truc-là. On finira pourtant par s'habituer, d'autant que ce rythme bizarre tend à s'atténuer vers la fin. Mais on se retrouvera alors en pleine perplexité face au comportement erratique de l'oiseau noir, force mystique qu'on prendra un temps pour la représentation du jugement moral et divin qui attend la comtesse, mais qui s'en prendra tout de même aux soldats venus l'arrêter. On sera donc un peu perdu dans ce cheminement narratif et intellectuel, mais pas suffisamment pour ne pas avoir envie d'y retourner voir.