7.5/10Au cœur de l'empire : L'héritage de Luther Arkwright - Tome 3

/ Critique - écrit par riffhifi, le 01/06/2009
Notre verdict : 7.5/10 - L'empire du sang (Fiche technique)

Tags : comics talbot luther arkwright bryan tome coeur

La saga de Luther Arkwright trouve une conclusion (provisoire ?) dans ce dernier tome plein de bruit et de fureur. Le final est un chouia décevant, mais la barre avait été placée si haut...

Pour les retardataires, il convient de replacer Au cœur de l'empire dans son contexte : sortie aux USA en 1999 (on ne s'étonne pas d'y trouver une Lady Diana accusant une solide parenté physique avec la vraie, décédée deux ans plus tôt), la mini-série constitue une suite aux aventures de Luther Arkwright publiées à partir de 1978, compilées en 1988 par Dark Horse et enfin éditées en France en 2006 par Kymera. L'auteur Bryan Talbot ayant récolté autant de louanges que de Eagle Awards pour cette histoire de multivers diablement imaginative, on comprend qu'il n'ait pas rechigné à en pondre un spin-off. Celui-ci, bâti sur un compte à rebours
oppressant et mettant en scène la veuve et la fille de Luther Arkwright, trouve ici sa conclusion apocalyptique.

Lorsque l'album s'ouvre, il ne reste déjà plus que 6 heures avant la fin. La fin de quoi ? Des haricots, à n'en pas douter, car Luther ressuscité s'active pour sauver le monde en compagnie de sa fille la princesse Victoria (non, pas la reine, encore que...). Pendant qu'il fait face à une découverte intime et perturbante, les autres personnages s'occupent à s'entretuer sauvagement.

Si le style visuel impeccablement lisible et expressif reste une grosse claque, on ne peut ps dire que ce dernier tome regorge d'autant d'idées que ses deux prédécesseurs. On goûte le soin avec lequel est découpé la tuerie des pages 12 à 14 par exemple, mais Talbot est plus accaparé par le besoin de clore l'intrigue que par celui de multiplier les prouesses narratives. La conclusion en question repose sur une idée assez brillante et graphiquement alléchante, qu'on ne révèlera pas
plus ici qu'elle ne l'est sur la couverture du recueil, et se révèle plutôt habile bien que pas totalement inédite. En revanche, la résolution des toutes dernières pages laisse un vague goût de déception au regard de l'attente générée. Normal, sans doute, c'est un peu comme un épisode final de X-files après neuf ans passés à faire monter la sauce, on reste forcément un peu sur sa faim.

Reste que l'univers décrit continue d'impressionner par sa cohérence et sa sauvagerie, et sait faire plaisir en privilégiant la science-fiction à la politique. Le monde de Luther Arkwright constitue un trip hors du commun, on serait bien mal avisé de le déconseiller, surtout après avoir attendu la version française aussi longtemps (on pardonnera donc quelques anglicismes ayant échappé par endroits à la traduction). Cet opus final est à recommander tout particulièrement aux amateurs de David Cronenberg (celui de la grande époque, pas le réalisateur de polars traditionnels qu'il est devenu ces dernières années) et aux fans d'Athéna, dont Victoria emprunte le look casqué.