Les cumulards en BD : 22 et Hedge fund

/ Article - écrit par plienard, le 24/01/2014

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La bande dessinée attire de plus en plus de monde, même ceux qui ont déjà un autre métier.

Il n’est pas rare dans le monde de la bande dessinée de rencontrer des auteurs au passé riche et souvent double. Comme d’anciens professeurs devenus scénaristes ou dessinateurs tel Jean-Pierre Pécau (scénariste de la série Histoire secrète ou de Jour J). Ils utilisent leurs connaissances ou expériences pour rendre crédible leurs histoires. Nous allons ici découvrir deux nouvelles séries, l’une policière chez Delcourt, 22, l’autre thriller économique au Lombard, Hedge fund qui bénéficient respectivement de scénariste policier et financier.

22, tome 1/2 – note : 6.5/10


Police d'accueil !

Il y a quelque chose de dérangeant dans la nouvelle série policière chez Delcourt. Tout au long de la lecture, on s’interroge sur la part de réel et d’imaginaire. 22, c’est son titre est signé David Chauvel (Le monsieur des séries concept chez Delcourt avec Sept, Le casse, La grande évasion) et surtout Olivier le Bellec. Ce dernier est réellement policier. D’abord simple bleu, il passe à la police judiciaire (PJ) avant d’intégrer la BRB (Brigade de Répression du Banditisme). Il apporte ici son vécu et son expérience au travers de plusieurs personnages et de deux intrigues en parallèles. On suit, tout d’abord, des bleus de police-secours, dans leur quotidien avec ce qu’il y a d’enivrant (la filature) et d’exaspérant (les faux témoignages, le manque de reconnaissance du public). Ensuite, l’équipe de la BRB qui enquête sur une série de casse de bijouterie à l’explosif. Enquête qui s’avère difficile tant le mode opératoire est inédit et spectaculaire.

La dernière pierre à l’édifice est apportée par le dessinateur Thierry Chavant (Méliane chez Albin Michel, Blanche chez Delcourt). Dans un style réaliste mais assez épuré dans les décors, il apporte une atmosphère ni trop oppressante, ni trop enjolivée. On acquiesce volontiers aux événements en se demandant pourtant si tout cela est bien réel.

 

Hedge Fund, tome 1/3 – note : 7/10


Un sentiment de franche camaraderie domine !

Hedge fund ne doit plus être un terme totalement inconnu pour un certain nombre d’entre vous. La faute à la « crise », comme on dit. En effet, derrière ce nom barbare se cache un rouage financier, une société d’investissement non réglementée, interdite au public et capable d’emprunter plusieurs fois son capital pour miser en bourse.

On va donc s’attaquer au monde de la finance, un peu à la manière du film Wall Street. Mais cela peut-il faire une série intéressante ? Au terme de ce premier album, on part en tout cas sur de bonnes bases. Un personnage principal sympathique, Franck Carvale, qui a quitté la France avec quelques casseroles et qui tente de se faire une place au soleil de Hong-Kong en plaçant des produits d’assurance-retraite. Et alors qu’il est sur le point d’être renvoyé, un gros client lui propose la chance de sa vie : devenir trader ! La machine est en route.

Le personnage est effectivement sympathique, mais il reste quand même à mettre en place une ambiance et une atmosphère crédible. Si le dessinateur, Patrick Hénaff, nous offre un dessin réaliste assez convaincant, le scénario est lui l’œuvre d’un duo plutôt hétéroclite. Il est le résultat d’une rencontre entre Tristant Roulot et Philippe Sabbah. Un sujet financier peut paraître étonnant pour ceux qui connaissent Tristant Roulot et sa série humoristique les Goblin’s chez Soleil. Remarquez aussi, qu’il a à son actif une série de pirates avec Le testament du capitaine Crown déjà avec le dessinateur Patrick Hénaff. Quant au binôme, Philippe Sabbah, vous n’avez sans doute jamais entendu parler de lui. Diplômé de l’ESCP (école supérieure de commerce), il a passé plusieurs années dans les salles de marché et travaillé pour de grands groupes financiers et autres institutions de marché. Il apporte ici toute sa connaissance du milieu en la vulgarisant avec talent. Tout semble si facile et compréhensible que l’on est prêt à devenir trader ! Pensez donc : être pété de tunes, sortir dans les boîtes à la mode, être entouré de superbes gonzesses (qui n’en veulent qu’à votre fric !). Et oui, trader c'est un métier de mec !

Toute cette ambiance est très bien rendue par le dessinateur Hénaff qui exprime le côté fou et urgent de toutes ces opérations financières. Moi, c’est décidé, je mise sur le prochain Hedge fund, à la hausse !