7.5/10Les Cauchemars de Terram - Tome 1 - Prélude

/ Critique - écrit par athanagor, le 19/08/2009
Notre verdict : 7.5/10 - Terram au lit (Fiche technique)

Ce premier tome propose une collaboration, peut-être pas encore aboutie, mais certainement prometteuse entre Brice Cossu et SAND, sur une histoire mitigée dont la forme montre plus d'originalité que le fond.

Stella et Marcus viennent à peine d’accueillir leur premier enfant, qu’il se met à pleuvoir. Décidément ça part mal ! Non seulement il faut Cauchemars de Terram (Les) - Tome 1 - Prélude
Terram assiscommencer à réfléchir à quelle université on va bien pouvoir l’inscrire, de quelle couleur peindre sa chambre, quels jouets lui acheter pour qu’il ne vire pas communiste ou catholique, quel espèce d’animal sera le plus adaptée pour que la mort de celui-ci coïncide avec un stade de développement piagétien suffisamment avancé pour que l’enfant saisisse le concept, ou encore qui en aura la garde le week-end quand on divorcera la veille de ses quinze ans. Bref, comme si tout cela n’occupait pas suffisamment l’esprit, il faudra bientôt se flageller d’avoir oublié le parapluie. Face à toutes ses préoccupations et ces questionnements, le véritable risque serait d’oublié l’enfant à la maternité. C’est pourquoi il fallu lui choisir un nom susceptible de l’opposer aux difficultés de l’existence : la vie est une galère, n’oublie pas Terram.

Pourtant, bien que conscient des déboires que se révèle capable de générer l’existence, Marcus pensait que celles évoquées plus haut suffiraient à le rendre bien méritant d’un petite place au paradis. Que nenni mon pote ! Tu vas savoir ce que c’est que d’en baver ! A peine sorti de l’enfance, Terram plonge dans un coma profond, entrecoupé de violentes agitations, semblables à celles qui secouent un dormeur en plein cauchemar. Complètement désemparés, ces parents ne peuvent que lui dire « Terram, cesse !!! », mais c’est peine perdu, il n’entend rien, à croire que Terram est saoul.

Devant un tel mystère, Stella fera part à Marcus de la malédiction qui pèse sur sa famille et qui semble submerger Terram. Mais à peine l’a-t-elle révélée à son mari, que Cauchemars de Terram (Les) - Tome 1 - Prélude
Terram en nage
la malédiction s’empare d’elle. Si elle lui a dévoilé ce secret, c’est en sachant que cela l’affecterait aussi, du même coma que celui de son fils, dans lequel elle souhaite plonger pour récupérer Terram.

Nouvelle réalisation pour Brice Cossu au sein des éditions Soleil, qui décidément l’aime bien et qui ont bien raison. Fidèle à son trait comics, il change ici le style de son graphisme et délivre des planches dont la finition ne semble pas totale. Les contours sont encore légèrement crayonnés et directement recouvert par la couleur, ce qui permet à l’ensemble de signifier une atmosphère d’incertitude, celle dans laquelle se noie Marcus face aux évènements tragiques de sa vie. Outre, cette modification, on constate à nouveau une certaine maîtrise chez cet auteur, capable de montrer dans ses dessins l’intensité nerveuse de ses personnages, et d’en suggérer le débit ou le volume vocal, sans passez par l’artifice d’une police de caractère en italique ou en gras. Mais ce qu’il y a de plus remarquable ici, ce n’est pas le déjà reconnu travail de Cossu, mais bien celui de SAND. En tant que scénariste, elle imprime toute l’ambiance de son histoire dans les premières pages, et ce quasiment sans texte. Loin d’être le fait du dessinateur, cette ambiance s’insinue dans la disposition des cadrages et l’ordre des cases, et la page 9, qui ne comporte qu’un dessin sur tout son espace, suffit à mettre le lecteur en raccord avec l’histoire du couple. De plus, le fait que Marcus soit le personnage principal mais ne soit pas la cible de la malédiction, et donc de la trame offre un supplément d’intérêt, de celui qu’on porte aux victimes innocentes.

Ces bon points ne font cependant pas complètement oublier le léger doute né de la figure mystique qui hourdi tout le bazar, à savoir, Lilith, personnage mythologique quadri-millénaire un peu fourre-tout, qui a tendance à réapparaître quand les auteurs sont fatigués d’utiliser Satan, ou quand ils veulent lui mettre des seins. D’un autre côté on appréciera, pour le geste et pour l’analogie, certes facile mais toujours de bon ton, avec le coma, et plus particulièrement celui dont sont atteint la mère et le fils, la référence au Cauchemar de Füssli. D’autant que cette référence est faite très discrètement, cachée dans le fond d’une illustration.

Il s’agit donc d’un assez bon départ pour cette série, et encore plus pour SAND, dont c’est la première réalisation et qu’on aimera sûrement retrouver à l’avenir, d’autant que ses scénarios bénéficieront, au fil de leurs parutions, de plus en plus d’expérience.