Soleil : Kraken, Chroniques de l'île perdue

/ Critique - écrit par plienard, le 22/10/2018

Tags : histoire pierre jean albums mission monde jeunesse

Des récits avec des enfants.

Kraken - note : 7/10

Le kraken est une bête mythologique que n'aurait pas renier un richard D. Nolane - le monsieur "étrange" du magazine mensuel Lanfeust mag -. Ce n'est pourtant pas lui qui va conter un récit avec cet animal, mais bien deux italiens - Emiliano Pagani (scénario) et Bruno Cannucciari (dessins) - qui reprennent le mythe avec une certaine réussite (prix du meilleur album italien au festival Romics de Rome en 2018) et une certaine malice puisque le monstre est plusieurs fois évoqué, mais il ne sera jamais visible.


© Soleil 2018.

 Damien est un jeune enfant qui fut le seul survivant du naufrage du chalutier de son père. Il est obnubilé par le Kraken, un monstre qui serait responsable de l'accident. À cela s'ajoute la difficulté pour le village de Selalgues de ne plus ramener de poissons. Le responsable est tout trouvé : le jeune garçon à qui on ne pardonne pas d'avoir survécu. Mais Damien a de la suite dans les idées et part trouver un ancien présentateur télé sur le déclin, Serge Dougarry, spécialiste des monstres marins. D'abord récalcitrant, Serge va finir par accepter d'aider le jeune garçon au moment où des corps sont retrouvés sur la plage. Damien aurait-il raison ? Le Kraken serait-il à l'œuvre ?

Les éditions Soleil proposent un album dans lequel on sent une réelle pesanteur et une certaine schizophrénie qui s'abat peu à peu sur le village. Si le gamin tourne en boucle sur son monstre marin, le reste du village n'est pas vraiment dans un meilleur état mental. Une sorte de folie s'empare des habitants qui, en plus du manque de poisson, voit des morts arrivés sur sa plage. Une tension parfaitement exprimée par le dessin de Bruno Cannucciari. Un dessin qui n'est pas sans rappeler celui de José Homs (dans Millénium chez Dupuis).

Les auteurs nous emmènent sur le chemin de la folie et de l'innocence avec une certaine délectation pour une fin plutôt inattendue.

 

Chroniques de l'île perdue - note : 8,5/10

La collection Métamorphose - dirigée par Barbara Canepa et Clotilde Vu - propose des albums qu'on pourrait croire aux antipodes de maison d'édition Soleil. Des albums entre "jeunesse, BD et romans illustrés" sur des sujets philosophiques voire poétiques ou fantastiques. Le point commun à tout ces albums vient aussi dans son style graphique "inspiré du style victorien". En connaissant ce cahier des charges, on ne s'étonnera pas que le livre de Loïc Clément et Anne Morel viennent enrichir la collection.


© Soleil 2018.

 C'est l'histoire de Sacha à la recherche de son jeune frère Charlie sur une île inconnue, peuplée d'étranges créatures, après le naufrage du navire sur lequel ils faisaient une croisière avec leurs parents. Échoué sur la plage, Sacha va faire de drôles de rencontres avec des personnages agressifs aux yeux rouges, sorte de morts-vivants. Dans cet environnement, il trouvera quelques réconforts avec un oiseau porte-bonheur qui crie sans-cesse le prénom de son petit-frère, ainsi que l'ancien doudou de celui-ci qui va lui expliquer la situation. Quand on vous dit que cette île est étrange ! Charlie, lui, cherche à échapper à des mystérieux loups vaporeux aux yeux rouges (eux aussi !). Et il trouve de l'aide en la personne d'une jeune fille et de son chien blanc appelé "la bête".

Loïc Clément et Anne Morel signent ce nouveau projet ensemble pour un résultat assez émouvant. Outre le dessin charmant, l'ouvrage aborde des thèmes qui concernent tous les types de lecteurs : les peurs enfantines, les liens compliqués entre petit-frère et ainé. Des sujets qui touchent tout le monde (car on a tous été enfant et pour certain on a eu des frères et des sœurs). Tout le monde peut y trouver un peu de son histoire et se sentir concerné par ce joli conte à l'aquarelle.

Simple, beau, et émouvant, on se métamorphose dans l'enfance.

 


Les couvertures des 2 albums - © Soleil 2018.