Soleil : Infiltrés T1, Le Jardin de minuit

/ Critique - écrit par plienard, le 25/05/2015

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Le rêve anglais contre la réalité danoise, deux albums totalement différents aux éditons Soleil.

Infiltrés, tome 1 – note 5.5/10

Au vu des événements actuels, dans notre société occidentale (terrorisme, montée des extrémismes), on est en droit de s’inquiéter pour notre avenir. On peut aussi se dire que nos pouvoirs politiques font en sorte que notre sécurité soit assurée (attention, je prends les noms de ceux qui rigolent). C’est en quelques mots les idées qui passent par la tête à la lecture du premier album d’Infiltrés, d’une toute nouvelle série aux éditions Soleil, dans la collection Quadrants. Une série totalement dans l’actualité.


©Soleil édition 2015.

Des idées qui résonnent étrangement à nos oreilles : on suit un groupe d’extrémistes nationalistes danois qui projettent de faire un attentat. La police a réussi à infiltrer un de ses homme dans le groupe mais elle peine à avoir des résultats et des réponses. Ce qui ne plait pas au pouvoir politique qui veut des résultats rapides après le meurtre d’un iman.

Un album qui n’est sans rappeler la série BD Millénium, adaptée des romans de Stieg Larsson, notamment dans le dessin d’Olivier Thomas – le Printemps des quais en 2014 – et surtout les couleurs de Delphine Rieu. Autre point commun, le scénariste Sylvain Runberg qui est ici associé à Olivier Truc. Ils signent tous les deux un récit assez flippant alors qu’on sait qu’il se rapproche assez fortement de la réalité sur les sujets qu’il traite (la thèse du « counter jihad »).

Un dessin très réaliste avec un sujet d’actualité, le tout est assez prenant, mais on a quand même un bémol à faire. La volonté pour les auteurs de bien expliquer les thèses qu’ils rapportent sur le « counter jihad » au point qu’on aura droit à avoir la précision maintes et maintes fois sur ce qu’elle signifie. Le sujet est assez sensible et on perçoit le souci qu’on les auteurs de ne pas en faire l’apologie mais qu’il serve bien le récit. D’où ces explications redondantes sur ce qu’est le « counter jihad », thèse d’extrême droite qui voudrait que les gouvernements, lors de la crise du pétrole dans les années 70, auraient accepté une immigration plus importante des populations musulmanes en échange de pétrole. Cette population étant censée faire plus d’enfant, ce serait une bombe à retardement de l’islamisation de l’Europe. On voit toute l’énormité et la bêtise de cette thèse du complot, mais à la relancer plusieurs fois dans l’album, c’est extrêmement lourd. On sent d’ailleurs une certaine gêne, même si on convient qu’il n’est pas aisé de traiter de ces sujets.

Cette série est prévue en deux tomes et pourrait continuer si le succès est au rendez-vous, peut-être sur des sujets moins délicats (?).

 

Le jardin de minuit – note 7/10

Adapté d’un roman anglais de Philippa Pearce, le jardin de minuit a ce quelque chose de déjà-vu et déjà-lu qui pourrait exaspérer s’il n’y avait pas le talent de l’auteure, Edith, pour plonger le lecteur dans ses rêves secrets.


©Soleil édition 2015.

Tom est obligé de partir chez son oncle Allan et sa tante Gwen car son frère a la rougeole. Il vit cela comme un déchirement, lui qui espérait passer ses vacances à jouer avec. Mais ce qu’il ne sait pas encore c’est qu’il va vivre la plus merveilleuse des aventures chaque soir, lorsque la pendule de la maison transformée en appartements va sonner son treizième coup de minuit !

Si au premier abord, on pourrait penser que l’album s’adresse à un jeune public, se serait minimiser le potentiel du récit qui sera perçu de différente manière selon qu’on est adulte ou pas. Edith fait ici un superbe travail de mise en image nous emmenant dans sa vision du jardin que Tom va découvrir chaque soir. On adhère complètement, et les mystères s’amoncellent les uns sur les autres jusqu’à la révélation et l’explication de fin.