6/10Graines de bandits

/ Critique - écrit par plienard, le 28/08/2019
Notre verdict : 6/10 - Le Roy des bandits (Fiche technique)

Tags : yvon roy enfants vie graines bandits jeunesse

Le nouvel album du canadien Yvon Roy, aux éditions Rue de Sèvres, peut se lire selon deux axes : celui de l'insouciance de la jeunesse, et l'autre selon celui de la violence parentale. On y retrouve ainsi deux adolescents qui viennent d'emménager à la campagne. Leurs parents ont un nouveau projet de vie, loin de la modernité grandissante de l'année 1974. Mais les rêves vont virer au cauchemar et le couple va, petit à petit, se déchirer. Pour fuir cette ambiance familiale, les deux frangins vont partir à la découverte du monde qui s'offre à eux, et s'inventer des histoires et des aventures de gamins dans cette campagne qu'ils découvrent.


© Rue de Sèvres 2019.

 L'auteur des Petites victoires (en 2017, chez le même éditeur) signe une nouvelle chronique autobiographique dans laquelle le lecteur a du mal à ressentir de l'empathie pour les deux frères. Le trait fin du graphisme, le choix du noir et blanc donnent à ce récit une froideur et laisse le lecteur à distance, comme un simple spectateur. L'absence de prénom pour les deux personnages principaux leur ôte toute identité ce qui n'empêche pas, à certains moments de trouver quelques moments d'émotions quand le cadet se cache de sa mère pour éviter les coups qui vont venir.

Entre sales gosses ou ados livrés à eux-mêmes, on navigue entre deux eaux, plus prompts à juger leurs bêtises du fait de l'éloignement qui nous est imposé. Sont-ils foncièrement mauvais ? ou est-ce l'absence et la violence des parents qui les amènent à faire des conneries ? Cette violence étant le plus souvent suggérée plutôt que montrée, on a tendance à les prendre pour de la mauvaise graine. Mais on sait que l'adolescence est une période critique durant laquelle les jeunes ont besoin de repères, si possible stables et sereins. Visiblement, ici, ils ne les ont pas. On sent cependant une rage au travers du narrateur - le cadet - qui parcourt tout le livre. La part autobiographique étant difficilement décelable, la pudeur dont l'auteur fait part dans l'expression des conflits parentaux et de leurs violences, et l'impétueuse volonté des enfants à sauvegarder leur monde de toutes agressions extérieures forcent le respect.

Ainsi le livre peine à délivrer son message et on reste frustré de n'avoir que cette vision d'enfant. Personnellement, j'aurais aimé que les personnages des parents et du conflit du couple soit plus un peu plis travaillé et exprimé. Mais ce n'était pas le but de ce livre.

 


La couverture de l'album - Rue de Sèvres 2019.