On n’avait rien demandé ! : Relation Cheap, Love story à l’iranienne

/ Critique - écrit par plienard, le 27/02/2016

Dans notre rubrique ONRD, deux albums Delcourt avec Love story à l’iranienne de Jane Deuxard et Zac Deloupy et Cheap relation de Elosterv et Davy Mourier. Deux albums qui parlent d’amour de manières bien différentes dans des sociétés très différentes.

Love story à l’iranienne – note : 6.5/10

Ce livre est un recueil de témoignages ramenés par Jane Deuxard et dessiné par Zac Deloupy. Des témoignages sur les relations homme-femme dans l’Iran actuel et qui permettent de lever un coin du voile (jeux de mots !) sur cette société que l’on ne connaît pas ou mal. Une façon de donner la parole aux gens qui y vivent plutôt qu’à des journalistes.


©Delcourt édition 2016.

On découvre ainsi une société où les hommes et les femmes se fréquentent en cachette, qu’ils ne peuvent pas avoir de rapports sexuels sans être mariés, que les sentiments sont souvent absents, que la question matérielle est importante, que l’université est le seul lieu vraiment mixte et que s’il y a autant d’étudiants et d’étudiantes ce n’est pas forcément par ouverture d’esprit du régime en place mais parce qu’ainsi, ils n’alourdissent pas le taux du chômage.

Mais tout cela parait anecdotique car les témoignages sont assez différents les uns des autres. Et s’ils ont bien quelques points communs – les hommes et les femmes doivent se cacher pour se fréquenter, ils ne se connaissent finalement pas, la fille doit être absolument vierge au mariage ... – ce sont surtout les femmes qui prennent la parole et chacune montre des envies et des avis contrastés. Si on voit bien qu’il y a un certain renoncement à pouvoir faire évoluer les choses, certains tentent bien d’en profiter le plus possible tout de même et le point de vue matériel en est une partie.

Et l’amour dans tout cela ? Pour qu’il y en ait, il faudrait déjà qu’il n’y ait plus de peur, de mensonges et qu’il y ait plus de rencontres possibles. La société iranienne est bloquée et ce n’est pas le nouveau régime actuel qui est un signe d’espoir pour la population contrairement à ce qu’on pourrait penser.

 

 

Relation cheap – note 5/10

Elosterv et Davy Mourier sont deux auteurs de bandes dessinées qui manient l’humour à coup de marteau. C’est lourd, ça fait mal, mais c’est puissant et pas loin d’être efficace. Dans Relation cheap, qu’on pourrait traduire par relation facile, deux personnages qu’on peut raisonnablement identifier comme étant eux-mêmes, se rencontrent sur internet et échangent leurs avis, leurs pensées.


©Delcourt édition 2016.

C’est assez insolent, voir parfois trash. Mais on a quand un léger rictus à chaque vanne envoyée. Leurs échanges sont entrecoupés de petites historiettes inédites. Tout cela reste dans une même identité graphique pas très élaborée mais qui correspond totalement au propos.

A l’exception des propos limites que cet album nous inflige, il y est caché la difficulté des rapports humains réels (à opposer aux échanges virtuels beaucoup plus simple derrière un écran (la facilité de communiquer avec un ordinateur !). Il reste que la fin de l’album est un peu gâchée par une conclusion convenue, et qui manque de mordant par rapport à tous le reste. La réalité de la vie les a ainsi rattrapés.