La Pastèque

/ Critique - écrit par plienard, le 25/06/2014

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Une fois n'est pas coutume, nous n'allons pas nous attarder entièrement sur des albums mais plus largement sur une maison d'édition qui gagne à être connue.

Si je vous dis Martin Brault et Frédéric Gauthier, cela ne vous évoquera peut-être rien si vous n’êtes pas un professionnel de la bande dessinée. Et pourtant, certains d’entre vous connaissent ces deux québécois de manière indirecte. Et oui, cette partie du monde, en plus de nous avoir apporté Céline Dion et Garou, nous ont offert La Pastèque. LA PASTEQUE ? Kézaco ? Je vois que vous restez incrédule devant mon affirmation. Et je vous rassure. Cela n’a rien  à voir avec le fruit de la famille des cucurbitacées et il n’est pas question de vous parler des importateurs du Cucumis Ianatus.


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Jeunes libraires travaillant à la Mouette rieuse – une librairie de Montréal – les deux amis fondent en 1998 la maison d'édition La Pastèque. Grâce à leur enthousiasme et à quelques bons coups éditoriaux, des barrières ont pu être franchies et ils ont su réaliser une chose extraordinaire au Québec : fonder une maison d’édition qui dure.

Et même si rien n’est jamais figé, leur entreprise est maintenant bien installée et reconnue pour sa qualité.

Malgré un état d’esprit négatif de la profession sur le potentiel du marché et portés par l’exemple de l’Association en France, forts de leurs nombreux contacts professionnels, les deux jeunes gens font le pari de fonder une maison d’édition alors qu’ils ne connaissent rien dans ce métier.

Ils ont fêté leur 15 ans d’existence avec une exposition au musée de Montréal (je sais c’est loin pour la visiter et en plus elle est terminée !) et un livre La Pastèque – 15 ans d’édition dans lequel ils retracent leurs parcours au travers de quelques témoignages d’auteurs, d’amis, d’entretien ainsi que de nombreuses reproduction de couvertures, affiches ....

« en important des livres d’Amok, Ego comme X, Cornélius directement de France », ils ont permis l’émergence de grands talents au Québec comme Michel Rabagliati et sa série Paul (7 tomes, prix public Fnac-SNCF au FIBD en 2010 et de nombreux prix au Québec) ou qu’il relance Red Ketchup de réal Godbout (parue initialement chez Dargaud), leur parcours montre l’éclectisme mais surtout la qualité d’une ligne éditoriale avec un catalogue fort de 140 titres. Je vous propose d’en découvrir deux titres.


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Red ketchup, tome 6 – note 7.5/10

L’agent du FBI le plus déjanté qui existe mène la vie dure à sa hiérarchie. Mis au placard à la suite de ses aventures passées (voir les tomes précédents), il devient complètement incontrôlable (l’a-t-il seulement été une fois ?). Il veut de l’action et une mission. Bon gré malgré, il va en obtenir une, fictive pour éviter qu’il ne provoque des catastrophes. Mais pour l’agent Ketchup, rien n’est impossible.

Série initiée en 1991 aux éditions Dargaud (trois albums jusqu’en 1994), elle retrouve une seconde vie aux éditions de La Pastèque depuis 2007. Pierre Fournier (scénario) et Réal Godbout (dessin), les auteurs québécois, en sont à six albums pour mettre à mal nos zygomatiques. L’humour et la folie font ici bon ménage pour un moment de lecture sans nul autre pareil. Sauf peut-être aux éditions Fluide Glacial. Mais, ici, il y a un humour presqu’anglo-saxon, tout à fait particulier qu’on ne retrouve pas dans les albums de Fluide où l’humour est plus « gras ».

 


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2 milligrammes – note 7/10

Voilà un album qui pouvait me paraître inutile. Une nouvelle autobiographie sur « comment j’ai arrêté de fumer en 40 leçons ». Et comme je ne suis pas un fumeur, c’est dire si le sujet m’intéresse. Pour moi c’est l’évidence : on ne veut plus fumer, et bien, on arrête et c’est tout. J’avoue que je ne comprends pas cette soi-disant envie irrépressible, ce manque maladif au bout de quelques semaines de recommencer la clope. Enfin, quand je dis « je ne comprends pas », il serait plus juste d’employer la formule au passé. Car le témoignage de Benjamin Adam a mis à mal mes préjugés. En plus d’être doté d’une certaine autodérision et d’un humour corrosif sur sa confrérie Les fumeurs, il est suffisamment expressif et convaincant. En faisant un compte-rendu presque journalier de son état, on suit l’avancée de son abstinence, un peu comme les alcooliques : je n’ai plus fumé depuis 2 jours ... A l’origine, Benjamin Adam a créé un blog  et il joue le jeu de la vérité sur sa schizophrénie : suis-je un fumeur casse-couille ?

Je lui aurais bien répondu oui. Mais c’était avant de lire son album. Publié en 2008 par les éditions Troglodytes, ce bon album fait l’objet d’une nouvelle parution aux éditions La Pastèque dans sa collection Pomelos. Pomelo kézaco ? C’est suffisamment incompréhensible comme collection pour que je vous laisse en découvrir l’explication fournie dans l’album.