Dupuis : Dad T4, Plus près de toi, Atelier Mastodonte T5, Magic 7 T5
Bande Dessinée / Critique - écrit par plienard, le 15/11/2017Tags : tome vie livres edition plus comics monde
Dad- Tome 4 : Star à domicile - note : 8/10
Un père qui élève seul ses quatre filles, voilà une idée originale pour une série de bande dessinée. Et loin d'être pesant sur les difficultés de la vie de tous les jours, l'auteur Nob préfère utiliser la carte de l'humour et des gags en une page pour nous divertir.
© Dupuis 2017.
Le père, acteur modeste, toujours à la recherche d'un rôle qui mettrait en valeur son talent, élève donc quatre filles aux tempéraments bien distincts : l'aînée, Pandora, l'intello et au look gothique ; Ondine, la cadette en plein questionnement amoureux ; puis Roxane à l'éthique grandissante ; et enfin la benjamine Bérénice, dite Bébérénice, toujours à la recherche des bras de son père.
Ce quintet familial nous invite à suivre quelques situations délicieuses de drôleries et ne manque pas d'introduire beaucoup de tendresse et des moments d'émotion pure qui pourraient faire monter les larmes aux plus sensibles des lecteurs. Les sujets de société sont évidemment traités, de la guerre civile à l'écologie, avec comme postulat l'absence des mères qui travaillent au contraire du père à la recherche d'un boulot. Cet inversion des situations qu'on retrouve habituellement dans notre société est dans doute l'élément essentiel de la réussite de cette série de Nob aux éditions Dupuis.
Atelier Mastodonte - Tome 5 - note : 8/10
L'atelier Mastodonte est victime de son succès et est à l'origine de quelques vocations, voire plagiat. L'atelier Colosse, Molosse, ou Boloss sont là pour en témoigner. Mais cette nouvelle concurrence est de bonne augure pour le lecteur. Cela les pousse à toujours se renouveler, à toujours chercher le meilleur. Bon il reste toujours les jeux de mots d'Obion, Et le fan, c'est tout ce qu'il attend ! (et milou !).
© Dupuis 2017.
L'atelier Mastodonte, c'est la réunion de talent tous plus différents les uns que les autres, pour un résultat toujours aussi convaincant. C'est drôle, les auteurs ne se prennent visiblement pas au sérieux, et il y a toujours de nouveaux venus qui apportent leur patte. C'est un dinosaure qui se renouvelle tout le temps. On peut donc espérer qu'il ne disparaîtra pas trop vite.
Magic 7 - Tome 5 : Disparition - note : 7,5/10
© Dupuis 2017.
Le "club des 7" implose avec Léo qui ne veut plus participer aux réunions du groupe pour progresser. Après les révélations de son père (voir tome précédent), il doute de représenter les sauveurs du monde, et voit plutôt le groupe comme une menace. Il préfère alors passer du temps avec la belle Ophélie et file le parfait amour. Et le reste du groupe est aussi en proie aux difficultés. Mill est carrément séquestré par ses parents. Ceux de Farah l'emmènent voir un prêtre pour être exorcisée. Et un mystérieux délateur sévit sur le net en dévoilant l'existence et l'identité des membres du groupe.
ça remue fort chez les Magic 7, au point que le groupe est mis à mal. Chacun se pose des questions sur son rôle et les sentiments égoïstes prennent le pas sur celui du groupe. Le comportement du père de Léo et de quelques parents n'est pas non plus très clairs - dans quel clan jouent-ils ? - et posent questions.
Kid Toussaint maîtrise son sujet et le dessinateur Ruis est à la fête en version comics/manga/BD franco-belge. Il y en a pour tous les goûts.
Plus près de toi - note : 8/10
C'est une belle histoire que nous propose Jean-Claude Fournier et Kris dans la collection aire libre des éditions Dupuis. Ces deux auteurs de talent reviennent dans le passé, en pleine seconde guerre mondiale , avec les tirailleurs sénégalais arrêtés par les allemands et parqués dans des camps s'ils ont eu la chance de ne pas être fusillés avant.
© Dupuis 2017.
Le jeune Addi est promis à devenir séminariste au Sénégal. Mais la guerre est déclarée entre la France et l'Allemagne et son père l'envoie défendre la France comme lui l'a fait 25 ans plus tôt. Ils sont français et doivent défendre leur pays ! Bien que fier de servir leur pays (colonisateur soit dit en passant), ils vont connaître aussi l'humiliation d'être battus et envoyés en Bretagne où ils devront construire leur vamp de rétention. Les sénégalais, attraction bien malgré eux de la population locale qui n'a jamais vu n noir de sa vie, vont lier amitiés (et plus) avec le village. Et si l'occupant a fait preuve d'un d'ouverture d'esprit, Addi n'y est pas pour rien.
C'est une histoire émouvante et forte que nous raconte là le dessinateur Fournier et le scénariste Kris.
Sur cette période, on connaît finalement peu d'histoire ou de récit sur l'implication des tirailleurs sénégalais et leur détention durant la seconde guerre mondiale. Kris revient dessus, avec intelligence, montrant que si l'idéologie nazie provoque l'exécution des soldats noirs par simple plaisir, l'esprit de la colonisation n'estime pas pour autant que ces soldats sont réellement français. C'est d'ailleurs une des scènes fortes de l'album où Addi refuse de porter l'uniforme des tirailleurs sénégalais car il veut un uniforme français.
Si le dessin de Jean-Claude Fournier n'offre pas un réalisme cru, il permet tout de même d'exprimer quelques belles émotions. Il se dégage notamment une bonne humeur et un positivisme qui émane principalement des personnages sénégalais. Ils apparaissent incrédules face à l'horreur qu'ils subissent et trouvent du réconfort grâce la population.
Le récit est prévu en deux parties et ce premier tome termine sur des conditions de vie qui se dégradent. Mais ce n'est peut-être pas le plus dur qui arrive.
Les couvertures des 4 albums - © Dupuis 2017.