Xi Jinping et Le nom d'Amalek chez Delcourt
Bande Dessinée / Critique - écrit par Cirriana, le 28/11/2024Tags : tome reines histoire monde sang homme album
Xi Jinping, L'Empereur du silence chez Delcourt
La bande dessinée Xi Jinping, éditée chez Delcourt, se propose de dépeindre un portrait détaillé et nuancé de l’homme qui est aujourd'hui au cœur du pouvoir en Chine. Plutôt que de livrer une simple biographie linéaire, l’œuvre choisit de revenir sur les événements majeurs et les choix politiques qui ont façonné Xi Jinping, en explorant son ascension complexe dans le système politique chinois.
© Delcourt 2024.
À travers un récit dense et des illustrations réalistes, la bande dessinée s’attarde sur les différentes facettes de son personnage : depuis ses origines dans une Chine marquée par les bouleversements du Parti communiste jusqu’à sa position actuelle de leader influent et controversé. Les auteurs mettent en lumière non seulement son parcours, mais aussi les enjeux politiques et sociaux qui le sous-tendent, comme la centralisation accrue du pouvoir, les questions de censure et le contrôle de l’information.
Graphiquement, l’œuvre est claire : les traits précis et les couleurs sobres. Cette simplicité permet une immersion dans la politique chinoise contemporaine qui nous est souvent étrangère. Ce style visuel confère un caractère presque documentaire à l’œuvre, permettant au lecteur de se plonger dans un univers à la fois éloigné et complexe.
© Delcourt 2024.
Bref, Xi Jinping est bien plus qu’un portrait de l’homme politique ; c’est aussi une analyse subtile des rouages du pouvoir en Chine, de l’influence du Parti sur la société et de la manière dont Xi Jinping en est devenu l’ultime représentant.
Le Nom d'Amalek, Dix ans d'une guerre secrète au coeur de Paris chez Delcourt
Le Nom d’Amalek, paru chez Delcourt, est un roman graphique intense, où se croisent la quête identitaire d'une famille juive façe à l'extrême droite et le devoir de mémoire façe à l’Holocauste. L’histoire suit un protagoniste contemporain, descendant de survivants, qui découvre progressivement des pans oubliés de son héritage familial marqué par des traumatismes de la Shoah. Le titre lui-même, Le Nom d’Amalek, renvoie au symbole biblique d’Amalek, cet ennemi juré d’Israël que la mémoire collective juive doit, selon la tradition, « effacer ». Mais cette œuvre n’est pas seulement un récit d’enquête personnelle c'est aussi une plongée au cœur des répercussions intergénérationnelles d'une tragédie collective, et de la manière dont le passé continue de hanter les vivants.
© Delcourt 2024.
Les dessins, à la fois sobres et oppressants renforcent l’atmosphère d'angoisse et d'ombre qui imprègnent le récit. Le graphisme joue sur les contrastes d’ombre et de lumière, reflétant la complexité morale des événements et les conflits intérieurs des personnages. Le choix de palettes sombres, les traits minimalistes, la culpabilité et le poids des secrets que chaque génération portent à sa manière.
© Delcourt 2024.
L’œuvre met également en lumière la notion de mémoire sélective et de répression des traumatismes. À travers les silences et les tabous qui entourent le passé familial du protagoniste, on balaye les thèmes universels : la difficulté de se réapproprier une histoire douloureuse, la transmission du traumatisme et les dilemmes éthiques posés par le souvenir. Ce choix de titre n'est pas anodin et suscite des questionnements sur la relation ambiguë que chaque génération entretient avec son propre passé et la nécessité de préserver ou d’effacer certains souvenirs.
© Delcourt 2024.
Bref, Le Nom d’Amalek est un titre émouvant et réfléchi. Il parvient à mêler la petite histoire dans la grande Histoire avec un propos très intellectualisé. Il invite à une réflexion profonde sur les thèmes de la mémoire, de l’identité, de l'extremisme et de la transmission... questions très actuelles.