Delcourt- Monstres, Scurry et Hérauts

/ Critique - écrit par Canette Ultra, le 29/01/2022

Tags : moyen jean homme one dessinee shot histoire

Du héros le plus petit à celui le plus grand

Monstres – Intégrale – 6/10

 


© Delcourt 2022.

 

Dois-je présenter Barry Windsor-Smith ? Je pourrai dire que c’est un « monstre » du comics tant il a su œuvrer dans les différentes maisons d’édition et laisser son empreinte. Je vais me concentrer sur Monstres qui est une œuvre de l’auteur en précisant qu’à la base, il voulait plutôt une histoire pour The Hulk mais que son projet n’a pas été retenu. Il a donc pris ses idées et décidé de revisiter le thème entièrement à sa sauce pour en faire une œuvre à mi-chemin en The Hulk et Frankenstein avec une pointe mystique.

Du coup, qu’avons-nous dans cet album massif ? Nous avons Bobby, un jeune homme meurtri par la vie qui se retrouve engagé dans l’armée pour faire partie d’un projet top secret façon super soldat. Mais loin de l’idée glamour d’un captain america, nous avons plutôt un mix entre le sérum du Dr.Jekyll, le Dr.Frankenstein et un savant fou transfuge du troisième Reich. Donc, tout pour faire de notre innocente recrue, un « monstre ». Dans le même temps, nous allons suivre son recruteur qui, pris de remords et d’un doute, va découvrir toute l’horreur du projet et de son chef. Et en parallèle, nous aurons quelques flashbacks pour expliquer l’enfance de notre malheureuse victime et de son père. Vous le voyez, c’est dense et au départ, c’est plutôt simple et passionnant. Mais au fil du récit, tout devient plus confus et Windsor-Smith vire même aux passages de plus en plus gores et malsains. Ce qui était parfois suggéré est montré et on a même l’impression que chaque chapitre doit en faire une sorte de surenchère comme pour provoquer un malaise chez le lecteur avant de faire retomber tout ça dans une sorte de guérison mystique. Si le cheminement se comprend, la quasi gratuité de certaines scènes (notamment dans le château nazi) laisse un goût amer. C’est dommage car le parcours de la victime ou celui du recruteur et de sa fille sont intéressants.

De même que visuellement, le travail en noir et blanc donne une force certaine au récit et les expressions des visages sont parfois saisissantes. Monstres reste un comics marquant mais le virage adopté par endroit n’est pas toujours le bienvenu et à laisser entre toutes les mains.

 

Scurry – Tome 1 : La colonie condamnée – 7/10

 


© Delcourt 2022.

 

On continue avec les Smith avec Max Smith ! Comme Karamasov, aucun lien et nous avons une nouvelle histoire dont le héros sera une petite souris ! Elle devra composer avec des chats mais nous allons être loin de la version Tom & Jerry.

Dans un futur plus ou moins proche, les humains ont disparu ! Les animaux sont donc laissés là et survivent. Ils évoluent un peu au passage utilisant des outils et même une sorte langage commun entre espèces. Cela ne veut pas dire que c’est la fête car les chats veulent toujours manger les souris et notre héros justement est un pro pour esquiver les félins et tâcher de trouver des vivres pour sa colonie. Ceci dit, les ressources manquent et les tensions sont palpables. Je n’en dévoile pas plus mais j’ai été intrigué par Scurry. La vie de la colonie, le sort de notre héros, où sont les humains ? Toute cette ambiance au milieu d’une ville à l’abandon avec les animaux qui tâchent de vivre au milieu de ce nouveau monde. Alors, certes, certains passages sont un peu prévisibles mais d’un autre côté, il faut bien justifier certains développements …

Et puis, il faut reconnaître que Scurry est un album joli avec des effets de lumière et des petits détails ça et là qui font plaisir. Du coup, on a hâte de connaître le sort de notre héros !

 

Hérauts – Tome 1 : La brisure – 7/10

 


© Delcourt 2022.

 

Corbeyran et Bègue réunit pour notre plus grand plaisir ! Voilà ce qui m’est venu à l’esprit quand j’ai vu l’arrivée de Hérauts ! Une série qui va mine de rien nous rendre plus malin sur fond d’enquête au moyen-âge !

En effet, nous suivons Landry, un ancien moine et le jeune peintre Mayeul qui ont été missionnés par le roi pour recenser tous les blasons du royaume. Ils vont donc de domaines en domaines pour accomplir leur mission. Quoi de mieux qu’un tournoi pour compléter sa collection de blason. Malheureusement, le tournoi sera également le témoin du meurtre d’un jeune noble et nos deux envoyés du roi vont donc tâcher d’élucider ce mystère. Ce qui est sympa dans ce récit, c’est le côté historique avec les blasons, leur description, leur histoire. Ils ne sont pas un prétexte mais ils participent également à l’enquête. Cette dernière est un théâtre riche en surprise et je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer.

Sur la forme, le dessin m’a paru très classique. Je ne sais pas si c’est voulu, mais j’ai eu l’impression de parcourir une BD d’il y a quarante ans tant certains traits pouvaient être vieille école. Cela ne veut pas dire qu’Hérauts n’est pas sympa ou autre mais le trait manquait à mon sens de dynamisme aux encolures. Heureusement, le fond l’emporte sur la forme et ce premier tome lance nos héros sur les routes de l’aventure et des blasons !