Les fantômes du Mont-Blanc et Alessia chez Delcourt
Bande Dessinée / Critique - écrit par Cirriana, le 10/11/2024Tags : delcourt dessinee histoire oeuvre auteur bide chef
Les fantômes du Mont-Blanc chez Delcourt
Les fantômes du Mont-Blanc, publié par Delcourt où on y découvre Bernie, bouvier bernois de son état, et est un chien à la fois intelligent et sensible qui perçoit immédiatement une présence étrange chez son nouveau maître, un vieil horloger solitaire perdu dans ses souvenirs. Bernie devient alors le fil conducteur d’une histoire fantastique, aidant un fantôme à retrouver sa mémoire. On évoluera alors dans un monde mystérieux où se mêlent souvenirs tragiques de la Seconde Guerre mondiale et problématique d'un vieux monsieur.
© Delcourt 2024.
L’histoire explore alors le thème de la mémoire sous différentes formes : la quête de souvenirs d’Edèle, un esprit errant dans une station des Alpes, et l’évocation des horreurs des camps de concentration, marquée par des appels déchirants comme « Ils essayent de nous effacer ! Mon amie ! Ne m’oublie pas ! ».
© Delcourt 2024.
Des éléments magiques peuplent ce monde : des miroirs enchantés, des animaux doués de parole, la mort qui rôde, ou des géants patibulaires et tout ce petit monde aidera ou empêchera la mémoire de se faufiler jusqu'au présent. Le dessin, tout en nuances de bleu et de brun, est délicat et précis, ajoutant une touche de poésie à l’ensemble.
En bref, on nous propose par une pirouette élégante de faire remonter à la surface de la mémoire collective les affres du passé de la France. Bien joué !
Alessia chez Delcourt
Alessia, publié par Delcourt, se présente comme une bande dessinée douce et poétique, mais le récit de « Signor Cactus », héros triste et piquant, laisse une impression mitigée. Riccardo Gordon, un peintre renommé qui ajoute invariablement du vert cactus dans ses œuvres, est invité à Capri chez Marchesa, une notable dont la villa domine la baie. L’intrigue suit cet artiste désabusé, qui semble traverser sa vie et sa carrière avec une indifférence pesante.
© Delcourt 2024.
Le personnage de Riccardo incarne le stéréotype de l'artiste torturé et désillusionné. Malgré sa renommée et son réalisme grinçant, il manque d’éclat et ne parvient pas à inspirer l’empathie. Son histoire d’amour non réciproque, sa relation avec Marchesa et son détachement vis-à-vis de son art sont abordés de façon poignante, laissant peu de place à une véritable fin heureuse.
© Delcourt 2024.
L’aspect graphique, coloré et évocateur des paysages du sud, est en décalage avec la tonalité sombre du récit. Les paysages sont soignés, les personnages, notamment Signor Cactus, sont dessinés d’une manière caricaturale ce qui en atténue le charme.
En bref, Alessia reste une lecture plaisante avec un sens plus profond, qui aborde le thème du temps et du bonheur de manière légère pour toucher en plein mille.