Erdogan et le Chirurgien de Diên Biên Phu

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Le chirurgien de Dien Bien Phu chez Delcourt : 7/10

De cette histoire, on ne connait bien que le nom du lieu : Dien Bien Phu et des synonymes qui lui collent à la peau : défaite, horreur, boucherie.
le début.

Jean-Pierre Pécau et Vladimir Davidenko retrace ici pour ce tome 3 d’Histoire et Destins la vie du militaire Jacques Gindrey. Ce jeune homme de 26 ans, chirurgien dans l’armée va être réquisitionné pour ce qui devait être une victoire sans sang, rapide et éclatante dans la bassine de Dien Bien Phu.

On connait la suite… Plus de 6 mois d’horreur et de défaites. L’armée française est en déroute et se fait berner. Le « chir » fait ce qu’il peut, il soigne, coupe, recoud tout ce qu’il peut et autant que sa fatigue lui permet. Car sans évacuation possible, les médecins sont la seule solution. Sous une mousson intense, les combats font rage et on suit les défaites françaises jusqu’à la capture des militaires. Jacques Gindrey fera le choix de les suivre avec un sens du devoir inébranlable. Peu en reviendront, lui fera partie des survivants.
Un dessin classique, bien adapté.

Un titre biographique sur une guerre que l’on connait peu, un homme d’un rare engagement est dessiné ici avec une belle précision. On aimerait un peu plus de contexte historique tout au long du titre, pour mieux comprendre, pour mieux apprendre. Mais cela n’enlève rien à ce tome 3 qui trouve sa place parmi cette nouvelle collection d’histoire.

la cuvette n'est plus.

Erdogan chez Delcourt : 9/10

Un roman graphique sur la première partie de la vie d'Erdogan, celle que l'on connait le moins avant son ascension politique sous les lumières des enjeux internationaux. Et pourtant cette partie de sa vie va le façonner à l'acide, l'enchaînement des évènements est si bien expliqué que l'on comprend à quel homme nous avons affaire de nos jours. Ce portrait a été réalisé par un journaliste turc exilé, il n'était en effet pas envisageable qu'une telle biographie d'Erdogan sorte de nos jours dans son pays.

Erdogan va devoir "tuer" son père politique.

On débute avec son enfance dans un quartier pauvre d'immigrés turcs. A cela s'ajoute les stigmates d'un père violent, très pieux et d'une mère effacée. Le dessin en noir et blanc est parfaitement lisible et il colle bien à la dureté des évènements. Les évènements personnels et politiques vont s'enchaîner jusqu'à l'accession d'Erdogan au poste de premier ministre. Et on a cette sensation de comprendre cet homme, de voir clair en ces intentions, de connaître ses blessures et le pansement à l'égo surdimensionné qu'il s'est fait.

Anwar, l'auteur.

On referme le livre avec cette sensation incroyable d'avoir rencontré un monstre et d'en connaître les moindres recoins. A la lecture de ce titre, on comprend les enjeux actuels de la Turquie et de son dirigeant. On tremble à l'idée qu'un tel homme, si radical, si blessé soit à sa tête. On garde un goût amer de tromperie, de radicalisme religieux et d'un profond mépris de l'Orient. Une lecture nécessaire à la compréhension de la géopolitique européenne et orientale.

La victoire, adulé comme un Dieu.