Delcourt - BRZRKR, Kroma, Solo et Spawn !

/ Critique - écrit par Canette Ultra, le 29/01/2024

Tags :

4 récits plein de couleurs... Surtout le rouge !

BRZRKR – Tome 2 – 7.5/10


© Delcourt 2023.

 

Keanu Reeves et Matt Kindt continue de raconter l’épopée de B dont les traits dessinées par Ron Garney (couleurs de Bill Crabtree) ressemblent à notre scénariste/acteur. Après un premier tome d’introduction musclée, il est temps d’aller creuser un peu plus l’histoire de BRZRKR.

Ce tome va placer B au cœur des machinations mais également nous allons en apprendre plus sur le cœur de notre héros. Il n’y a pas traversé 50 000 ans d’histoire pour vivre sans rencontrer l’amour, sans tenter de comprendre le sens de sa vie. Nous aurons donc quelques passages assez mélancoliques sur les relations amoureuses de notre héros qui aura vécu toute sorte de peine de cœur au cours de son existence. En parallèle, comme notre héros est emprunt d’une certaine rage, nous aurons également un peu d’action qui servira « le grand plan » des « méchants ». Un plan que l’on voit venir à 100km et où B se laisse porter car il est un peu nihiliste sur les bords. Alors c’est prévisible mais on y voit tout de même une tentative pour emmener l’histoire plus loin sans aller non plus dans du Jodorosky ou du Moebius.

Pour les dessins, c’est dans la même veine que le premier tome avec un trait rageur mais où chaque détail est présent. On a un côté sauvage mais maîtrisé qui est agréable à l’œil et chaque case suit la logique de la précédente et où l’ensemble forme un tout cohérent très agréable.

Ce second tome de BRZRKR est donc assez prévisible mais il demeure plaisant à lire.

 

KROMA – 8/10


© Delcourt 2023.

 

Lorenzo de Felici aime les monde où la société est en reconstruction, en survie face à des gros monstres. Si vous avez lu Oblivion Song de Lorenzo, vous savez de quoi je parle. Ici, nous allons dans un récit « one shot » où les monstres ne sont pas forcément ceux que l’on croit mais où la survie n’est jamais acquise.

C’est ainsi que nous découvrons une cité qui semble isolée de tout et où, pour survivre, il faut bannir les couleurs car ces dernières attirent des monstres gigantesques et tueurs. Pour calmer les « monstres » et les habitants, il existe un étrange rituel où l’un des monstres est poursuivi et battu par la foule. Parmi elle, Zet, assistant du grand prêtre qui découvre que derrière le monstre, il y aurait un humain : Kroma. Cette découverte va être le début de l’émancipation de Kroma et le commencement véritable de l’aventure de ce comics. Kroma pense être un monstre mais nous découvrirons quelles sont les vraies menaces de ce monde. Nous y verrons aussi les secrets et les rouages qui le  régissent. Une exploration, une remise en cause constante de ce que l’on pense être acquis.

Tout cela dans un ouvrage où les couleurs sont autant un émerveillement qu’une menace. C’est assez saisissant de voir le rapport des personnages avec ces dernières et de voir ce besoin, cette attirance vers elle. Tout cela est bien porté par les dessins de Lorenzo qui donne vraiment corps à l’univers de KROMA. On est tellement pris dedans que l’on voudrait que l’aventure continue mais l’histoire présentée se suffit très bien comme ça et elle est une réflexion intéressante sur notre rapport au monde et aux autres.

 

Solo : chemins tracés – Tome 02 – 7.5/10


© Delcourt 2023.

 

Oscar Martin continue de développer l’univers de Solo et avec Chemin tracés, nous avons découvert la grande « historienne » Fortuna. Avec Alvaro Iglesias pour l’accompagner aux dessins, Oscar va nous conter la suite des aventures de la jeune chatte.

Ou plutôt, nous allons découvrir quel est son ange gardien. Car mine de rien, les connaissances qu’elle porte, ce n’est pas rien et si l’on se disait que c’était un peu rude de la laisser galérer dans le monde sauvage de Solo, et bien, nous sommes maintenant « un peu » rassuré. En effet, Siro est le nom de l’ange gardien de Fortuna et son rôle est de rester dans l’ombre pour la protéger. Alors, on a vu dans le tome 1 que Fortuna vivait des moments durs. Vous verrez qu’en fait, c’était moins dur grâce à Siro. Il doit vivre dans l’ombre et il est en première ligne pour manger toutes les galères ! Il faut avouer qu’il a la classe mais sa vie est faite d’abnégation et de douleurs. Il a une mission et il compte bien la mener. Bon… On s’en doute un peu (beaucoup) mais Siro va se trouver un peu dans la lumière et cela va permettre de mieux expliquer certaines choses du monde de Solo, de la vie de Fortuna mais également de faire avancer tout ça.

Un récit en forme de course poursuite pour la grande mission de Fortuna mais également une course poursuite pour attraper quelques instants de calme et pourquoi pas un peu de chaleur. On reconnaît bien là, les thèmes chers à Oscar Martin et toute la beauté tragique de l’univers de Solo. Les dessins portent également très bien ce sentiment et Solo : chemins tracés est donc une belle traversée de cet univers.

 

Spawn - La malédiction de Spawn – Tome 1 – 6/10


© Delcourt 2023.

 

Todd McFarlane continue de développer, s’amuser avec l’univers de Spawn avec cet album principalement illustré par Dwayne Turner. Todd sera également épaulé pour les scénarios par Alan McElroy. Et j’ai bien dit qu’il y avait plusieurs scénarios !

En effet, 3 histoires sont là dans ce tome et on ne peut pas dire que l’on fasse dans la dentelle et le feutré. Vous allez me dire que Spawn ne fait jamais dans ce style mais ici, c’est particulièrement vrai. On commence donc avec un récit dans un futur au-delà du post-apocalyptique car les hordes démoniaques règnent sur la Terre. Les humains sont juste bons pour se faire tuer/massacrer/manger dans les pires conditions et au milieu de cela, nous avons un nouveau Spawn qui est lâché pour faire un peu de ménage dans les maigres rangs des humains. Mais comme tout « bon Spawn » qui se respecte, il va se rebeller et on va avoir de la baston sanglante à gogo. Alors le récit est super violent mais aussi super bordélique, où il est par moment difficile de comprendre ce qui se passe et quel est le rôle de chacun. On a des personnages qui viennent de nulle part et qui sont à la fois des alliés et des menaces, on a des humains qui semblent au bord de l’extinction mais qui peuvent d’un coup sortir par dizaine avec des tanks et au milieu de ça, nous avons les démons dans tous les sens pour un récit toujours sur la guerre des enfers et comment sauver son âme quand tout semble être là pour nous damner. Le dessin est dans le style Spawn mais les scènes de baston/guerre sont difficiles à suivre et sont plutôt des gros posters pour faire « classe et gore » plus que pour véritablement porter une action.

Le second récit sera plus maîtrisé visuellement avec une « aventure » de Sam & Twitch, les deux détectives les plus fameux de l’univers Spawn. L’enquête qu’ils vont mener va introduire un personnage connu des fans : Suture. Bon, son histoire et cette histoire raconte ses origines… Autant vous dire que c’est le genre d’histoire sombre, glauque et injuste qui vous fera froid dans le dos. Un côté film d’horreur de vengeance qui ne fera pas de cadeaux. Ceci dit, le rythme, les dessins, l’ensemble est rondement mené mais ce n’est pas le genre d’histoire à lire le soir avant de s’endormir.

Plus classique le dernier récit nous racontera une histoire autour d’Angela avec l’une de ses chasses et avec en prime des détails sur la vie parmi ses sœurs. Un récit plus dans la tradition super-héroïque et qui rappellera certaines des premières années de la saga Spawn. Couleurs, ambiance, vivacité des séquences, on sera en terrain connu et le récit, bien que simple, sera une balade sympathique dans l’univers de Spawn. Vous allez me dire qu’après les deux histoires précédentes, c’est facile mais il est bon de finir sur une histoire pêchue et en plus sur l’un de mes personnages préférés de l’univers Spawn.

En résumé, c’est tout de même un album très sombre et violent et les deux premiers récits sont aussi violents qu’effrayants à bien des égards. Nous sommes plus dans l’horreur que dans le super-héroïsme sombre. Le dernier récit paraît super guilleret et dénote un peu mais comme il est plein d’énergie et qu’Angela est là, je ne vais pas m’en plaindre.